Très certainement en raison des événements malheureux qui avaient endeuillés la Ville Lumière la veille, le public ne s’était pas déplacé en masse ce 14 novembre pour assister à la Scandalous Night organisée dans la très sympathique salle qu’est Le Salon à Silly.
Dommage, car c’était l’occasion de découvrir six groupes essentiellement hennuyers, officiant sous la houlette du collectif alternatif dourois Xtrm Scandalous et confirmant notre sentiment qu’il y a encore de nombreux talents à découvrir dans notre petit pays.La soirée débute avec le concert d’Hermetic Electric, duo composé de Elfy aux claviers et Holly à la guitare et au chant. En dépit d’un public clairsemé et de quelques problèmes techniques, ils assurent leur prestation sans faillir. La voix est belle et aérienne. Le style est nostalgique mais tellement d’actualité. Le tout entrecoupé par des solos de guitare qui nous rappellent que l’influence de Sonic Youth n’est pas loin, le t-shirt arboré par le chanteur nous ayant mis sur la voie. Bonne entrée en matière et ce malgré, répétons-le, des conditions difficiles.
Second groupe à entrer en scène, Mathem and Tricks – duo instrumental guitare/batterie – délaisse cependant celle-ci pour s’installer dans la fosse et entamer une véritable joute musicale, le public formant l’arène. Dans un premier temps, la batterie prend l’avantage. L’énergie qu’elle dégage est telle que le vainqueur semble déjà connu. C’est sans compter sur la ténacité de la guitare qui monte graduellement en puissance. Entre les deux, notre coeur balance. En définitive, pas de déception, le duo nous évitant de choisir en se déchaînant dans un feu d’artifice final. Grand moment !
La soirée se poursuit avec L.O.A.O.I.A., trio instrumental guitare/basse/batterie distillant une musique atmosphérique qui nous captive tout en douceur. L’équilibre entre les trois instruments est parfaitement assuré. L’émotion est bien présente, en particulier lors de l’interprétation du morceau Paris, composé par le groupe peu après l’attentat contre Charlie Hebdo, et qui en ce nouveau jour funeste n’est que plus prenante.
Le groupe suivant, Grandbazaar, est à nos yeux plein de promesses. Il définit lui-même sa musique comme du rock alternatif rassemblant différents univers musicaux allant du jazz au post-rock en passant par la musique électronique. En outre, le retour d’une voix n’est pas pour nous déplaire. En ce début de set, la prestation du chanteur nous déçoit quelque peu. Sa voix semble frileuse voire écrasée par l’excellente rythmique des instruments et surtout par la batterie. Cette entrée en demi-teinte est d’autant plus dommage que le chanteur révélera peu à peu ses réelles qualités vocales faisant preuve d’une véritable puissance face aux instruments. L’écoute a posteriori de leur album Well, Well, Well finissant de nous convaincre qu’il s’agissait tout simplement pour lui d’un jour sans.
La soirée se poursuit avec le trio Goldorak et son batteur masqué. Ce qui nous frappe d’emblée, c’est le subtil mélange des sonorités rock et noise – notamment grâce à la puissance du guitariste (qui officiait aussi dans Grandbazaar) – avec l’univers jazzy. Un cocktail détonnant que nous retrouverons avec plaisir une fois rentrés, en nous plongeant dans l’écoute de l’album Carne, sorti en juin dernier chez Hyphen Records.
Malgré l’heure tardive, Rince-Doigt, nous charme par son énergie. Ici aussi, le mélange des styles nous captive, le rock se mélangeant harmonieusement aux sonorités jazz. Le jeune trio bruxellois n’a pas encore sorti d’EP mais nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre sur leur Bandcamp où vous aurez l’opportunité de découvrir deux premiers morceaux : Giboulée de Cobras et Mawashi Geri. C’est sur les dernières notes de cette belle prestation que cette agréable soirée se termine pour nous.