Martin Luther King avait un rêve, celui d’un monde plus juste… Londres, 2010. Dans un monde où de nombreux extrêmes s’affrontent, le Detective Chief Inspector John Luther rêve lui aussi de rendre justice, malencontreusement parfois un peu trop personnellement.
La section dans laquelle il bosse, la « Serious Crime Unit » est appelée à résoudre les cas les plus malsains en matière de crimes. D’une jeune femme qui retrouve ses parents et son chien sauvagement assassinés au rapt qui tourne très mal, John et son assistant le sergent Ripley font preuve d’un flair et d’une compréhension des actes criminels très développés.Déchiré sentimentalement de sa rupture avec sa douce Zoé, Luther s’implique à 200% dans son travail. D’une détermination sans faille, il doit aussi faire face à la belle et mystérieuse Alice Morgan, considérée par ses collègues comme victime, mais dont il doute fortement. D’une intelligence hors-pair, elle aidera pourtant Luther à résoudre des affaires tragiques.
Une série à rebondissements, étalée sur trois saisons, où les clins d’yeux à d’autres classiques foisonnent subtilement (Hannibal, Shining, Dracula…) et où la sélection musicale fait balancer les têtes au rythme de ce flic rebelle incarné avec brio par Idris Elba, DJ dans la vraie vie. Une sélection musicale habilement choisie grâce à laquelle des morceaux de Grinderman, Suede, Nina Simone, Marylin Manson, Hanni El Kahtib et bien d’autres cadencent astucieusement les épisodes. Sans oublier de mentionner un repérage des lieux de tournage minutieusement étudié, qui révèle de nombreux quartiers sombres de La City.
On savoure la prouesse d’Idris Elba dès le premier épisode, où son entêtement et sa loyauté sans bornes sont ses principaux traits de caractères, complétant son personnage par des détails révélateurs, comme cette voix rocailleuse, cette façon de marcher bien particulière ou sa passion pour la musique, et plus particulièrement David Bowie. Les rôles secondaires sont remarquablement interprétés par Warren Brow, le jeune sergent Ripley, fidèle à Luther, et Ruth Wilson qui, en tant qu’Alice Morgan, envoûte le spectateur grâce à sa moue un tantinet démoniaque et le laisse complètement perplexe sur son caractère, accentué par des sourcils savamment taillés en accents circonflexes.
Trois saisons tumultueuses, durant lesquelles on s’accroche facilement aux personnalités de Luther, du sergent Ripley et d’Alice Morgan, avec des crimes qui font froid dans le dos et où certaines séquences très violentes pourront en choquer plus d’un(e). Une véritable réussite de la part de la BBC qui a par ailleurs annoncé deux nouveaux épisodes pour cet automne. Alors, en attendant impatiemment cette suite, on se gobe sans tarder les trois premiers volets.
Nancy Junion