Primus, depuis ses quelques 30 années d’existence (hors pause 2000-2003) a toujours brillé par son originalité, son humour, ses lignes de basse et bien souvent par son manque de savoir-vivre. Lundi passé, à l’Ancienne Belgique, le groupe en a fait une parfaite démonstration, l’humour en moins.
Jamais trop avare sur la durée de ses concerts, le trio nous offre en ce jour une prestation en deux parties. La première heure est dédiée aux classiques. De Wynona’s Big Brown Beaver à My Name is Mud en passant par Jerry Was a Race Car Driver, le groupe nous prodigue son art, prêchant auprès d’une assemblée déjà convertie dans un décor sobre. Les fans de toujours s’agitent et sautillent à tout va, tant les chansons résonnent en eux. Mais n’est-ce pas parfois plus le souvenir de la chanson qui agit? Car il est un fait : c’est mou. La fougue des 90s a bel et bien déserté la scène laissant place à l’unique technique. Le jeu est parfait, as usual. Les Claypool, maître ès basse incontesté, éblouit par son doigté. Avec un peu d’indulgence, nous mettrons ce manque d’entrain sur le compte de l’âge. La qualité du groupe ne s’est en effet jamais mesurée à sa sympathie, mais bien à son ingéniosité et à ses compositions élaborées avec brio. Et cela transparaît bien dans cette première partie de live. Petite mention à ceux qui souhaitaient n’assister qu’au best of et qui, ayant suivi l’horaire annoncé par la salle, l’ont raté.
Si le groupe a toujours eu l’air « d’avoir un grain », le seconde heure de set était là pour l’illustrer pleinement. Une heure et demi consacrée à leur dernier album Primus & the Chocolate Factory with the Fungi Ensemble. Accompagné d’un violoncelliste et d’un percussionniste, le groupe nous plonge dans l’univers de Charlie et la Chocolaterie. Le décor est fait de champignons, de bonbons et d’un grand écran sur lequel sont projetées des scènes du film de 1971 : Willy Wonka and the Chocolate Factory. De fait, l’album se veut en être la bande originale revisitée. Ce live est donc beaucoup plus singulier. Si la rythmique de Claypool reste implacable, l’ensemble a tendance à parfois manquer de saveur et donne carrément l’impression de tirer en longueur. De plus, à baigner dans cet univers enfantin, le groupe frôle parfois le grotesque. Ok, c’est cool de voir les Oompa Loompa sur scène, mais au bout de cinq fois, c’est tout de même un peu lassant. Globalement plus expérimental, c’est un peu une version édulcorée et clownesque du groupe que propose ce dernier album. Mais, rendons à César ce qui appartient à César, ces musiciens sont juste sensationnels! Les membres additionnels brillent par leur jeu et leur présence. Du solo de xylophone à provoquer l’applaudissement général à l’utilisation moins conventionnelle du violoncelle, le public ne peut qu’avoir l’impression que le talent et l’incroyable jeu du génie-fou de Claypool sont fades en comparaison. Primus terminera toutefois en apothéose avec quelques gros titres comme Here Come the Bastards.
Sur l’écran, les Oompa Loompas se baladent dans Bruxelles, une Primus à la main. Le public électrisé est enfin ravi. Mais là, c’est le drame! La musique cesse, le rideau se ferme clôturant ainsi brutalement le show. La foule cassée dans son élan espère le rappel. Les lumières s’allument, la foule hue. Le rideau s’ouvre sur des roadies. La foule s’énerve. Pas de rappel en effet mais DEUX HEURES TRENTE de concert! Certes le groupe a eu une attitude de fonctionnaire, sans être vraiment dedans, sans un mot pour le public, mais ni lui ni les roadies n’ont mérité pareil manque de respect.
Lundi passé, Primus a assuré plus de deux heures de set, en toute virtuosité et sans jamais un accroc. Pour les remercier le public belge les a insultés. C’était honteux!