La soirée rock’n’roll branchée des Nuits se déroulait il y a un peu plus d’une semaine au Botanique. Trois groupes (Twerps, Jessica93 et Wand) étaient programmés sur la scène de la Rotonde. Peu convaincus par Twerps et sa pop apathique, nous passerons directement au plat de résistance.
C’est un concert presque à domicile pour Jessica93, poulain du label parigo-bruxellois Teenage Menopause Records, dont la réputation n’est plus à faire. Avec Rise, son petit dernier, il avait créé une vague d’engouement en 2014, étant classé numéro 1 par la majorité des publications musicales. Dès les premières notes, on reconnaît le son lourd, ténébreux et entêtant de ce virtuose du loop. Si sa dégaine reste identique, notre one-man band semble avoir sacrément gagné en confiance. On oserait même affirmer que sa musique a pris en cojones et claque bien plus, tout au long d’un live sans faille et moins monotone qu’il a pu l’être auparavant.
La soirée est estampillée « Ty Segall Family » par le Botanique, en référence à la tête d’affiche, Wand, dont le premier album Ganglion Reef est signé sur God?, le label de Segall. Un premier opus remarqué et passablement remarquable pour le groupe de L.A. mené par le génial Cory Hanson. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, ils nous proposent, depuis mars et via le label In the Red, leur second LP Golem dont ils font actuellement activement la promotion pour notre plus grand plaisir.
Ils s’introduisent dans la douceur et en nappes de sons psychés, meurtries par les coups du batteur qui se veulent, l’un après l’autre, plus lourds et viscéraux. Leur look est léché, l’attitude nonchalante pour certains, électrique pour d’autres. D’un coup, tout éclate littéralement, pulvérisant l’once de décence qui peut faire stagner un public. Leur musique est brutalement énergique mais pourtant subtile également. Les ondes sonores s’emparent de la Rotonde et de nos synapses, et ce sera le cas en crescendo jusqu’à la fin du live. Il est presque impossible de ne pas faire référence à Fuzz, excellent side-project de Monsieur Segall, tant dans l’énergie que dans le style hard-rock noisy rétro-intelligent.
Pourtant la personnalité et le charisme de Cory Hanson, les éloignent assez rapidement de cette étiquette vite donnée. Il éblouit, tant pas sa présence que par son talent. Son chant est juvénile, et presque insolent. Les femmes se pâment et en deviennent fan des solos qu’il prodigue en ondulant, donnant vie à sa guitare. Il est flagrant que Wand c’est principalement lui, suivi avec ferveur par le reste du groupe. Jamais lâché par un batteur qui, l’air de rien, ne cesse pas un instant de taper frénétiquement.
La foule se débat, se bat presque. Et au centre, un aveugle. Il illustre a lui seul la puissance de la musique, sautant entre tous, canne à la main, sourire béat aux lèvres. C’est l’incendie, le public sort suffoquant et grisé par l’un des soirs les plus mouvementés de ces Nuits.