Le risque, lorsqu’on sort un album instrumental, c’est de tomber dans la monotonie et de plonger rapidement l’auditeur dans l’ennui total. Un écueil qu’évite facilement le jeune groupe portugais La Flag (formé en janvier 2014), avec son excellent premier EP, Spargelzeit, sorti il y a tout juste un an.
Le quatuor de Lisbonne et de Leiria, composé de deux guitaristes, d’un bassiste et d’un batteur, nous démontre, tout au long des sept titres de cet album, sa technicité musicale et sa capacité – malgré une tendance très rock – à varier les genres, n’hésitant pas à passer du metal à des sonorités beaucoup plus blues.
Spargelzeit commence par un très puissant Zenith qui permet aux guitares électriques de démontrer toute leur force. La batterie n’est cependant pas en reste et ne semble nullement impressionnée par la supériorité numérique des instruments à corde. S’ensuit, comme son nom l’indique, un aérien Antonov qui nous permet, après les riffs lourds du premier titre, d’apprécier une certaine douceur. Le reste de l’album, du même (très bon) acabit, mélange voix parlée (Dama de Espadas), sons blues et psyché (Far) et retours rock (Liu Kang).
Après la musique, attardons-nous sur la pochette, très originale, qui représente un homme, la bouche remplie d’asperges, asperges qui ont manifestement poussé dans cet orifice. Une pochette faisant très clairement référence au titre de l’album. Spargelzeit est en effet le nom donné à la saison de l’asperge en Allemagne. Saison qui commence début avril, période choisie par le groupe pour sortir ce disque. Il est fort à parier cependant, au regard de la qualité de ce premier EP, que le succès de La Flag perdure bien au-delà de cette fête de l’asperge.