Prévus à la fin 2014 et annulés, c’est finalement un vendredi 13, à la veille de fêter les Valentins, que les Fat White Family sont venus foutre un joyeux bordel dans la Rotonde du Botanique. Précédés par les intermezzos de DJ ONONIIONIONIION et le rock un peu BRMC teinté de sonorités eighties de The Voyeurs, c’est bien à l’heure que les lascars de FWF se sont pointés dans l’arène.
Cherchez les garçons
A peine arrivé, le chanteur lance « We are Fat White Family » et bam! Les six petits singes de FWF démarrent en force par un très convaincant Auto Neutron assez sixties et légèrement délabré. Ils semblent être en mode « lendemain de veille » (mais qu’ont-ils fabriqué au Point Éphémère à Paris?), mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est sans vergogne qu’ils investissent les lieux. Au deuxième titre, chanteur et bassiste tombent la chemise. Lias, au chant, se mouve comme un Iggy junior, plante sa main dans son falzar, gesticule, sautille et donne des petits coups de reins langoureux tel un gogo dancer. Il a franchement la gouaille d’un jeune Gainsbourg, avec sa carafe de pinard qui trône fièrement sur un ampli. En fin de morceau, l’un des guitaristes se jette dans la foule.
Scream of the young
Foule qui est ce soir majoritairement jeune, en début de vingtaine, et cela fait grand bien. Cela change en effet des trentenaires et plus si affinités (ils sont là aussi, mais dans les gradins). Un coup d’éclat pour la Rotonde, tant sur scène que dans la fosse. Les gouapes enchaînent avec un titre très Horrors première mouture, Heaven on Earth, suivi par l’un de leurs singles, Cream of the young, où les cordes s’assoient tranquillement, rappelant la nonchalance des Dandy Warhols à l’AB en 2001 (ça date!). Durant tout le set, on perçoit les influences du punk, post punk, garage, psyché mais aussi du surf, grâce aux sons très clairs d’une des guitares.
White skin on black leather
Cela fait quasi une heure que les canailles y vont bon train lorsqu’elles entament avec – avouons-le – une certaine répugnance, leur sublime hit Touch the leather (sacré meilleur clip vidéo 2014 par votre rédactrice). Morceau qui fait mouche dès les premières notes, morceau qu’ils auraient sans doute dû jouer plutôt en début de concert, car c’est à ce moment-là que la fosse entre en transe et se déchaîne. Bien malheureusement les gaillards n’ont prévu qu’un seul titre après l’attouchement du cuir. Le public, désormais bien réveillé et assoiffé, criera pendant cinq bonnes minutes, sans succès. Le bassiste réapparaît néanmoins, mais juste pour récupérer sa chemise. C’est à cet instant que quelques vaillants spectateurs tentent une percée vers les backstages, les gars de la sécu ne sachant plus où donner des bras.
Même si Lias n’est pas toujours au point vocalement, c’est vite oublié grâce aux chants d’accompagnement des autres briscards. Un concert bien scandaleux, à l’effigie des six petits singes anglais qui forment ce groupe aux mille contradictions et qui, on l’espère, ne va pas splitter dans les six mois à venir (tensions palpables on et off stage) et continuera à faire des albums bien crades comme leur premier LP Champagne Holocaust.
Nancy Junion