Mardi 1er avril, 21h, il fait bon d’être au n°30 de la rue de Marcinelle à Charleroi. Le Vecteur a concocté une soirée « perf » très convaincante : Jean D.L. accompagné de Sandrine Verstraete, mais aussi et surtout, Lee Ranaldo. Vous avez bien lu, le seul et l’unique Lee Ranaldo (Sonic Youth). L’un des plus grands guitaristes au monde a choisi Gand pour s’exposer (Galerie Jan Dhaese) et Charleroi pour performer. Une venue assez inattendue mais tellement délectable pour le crew du Vecteur.
En entrée, Jean D.L. et Sandrine Verstraete proposent au public une prestation sous le signe de la poésie. Cela commence par des riffs de guitare (volontairement?) désaccordés, suivis par des accords en totale disto auxquels se mêle une voix aux effets fantomatiques, citant des vers d’un poème décharné. Une courte mise en bouche avant le plat de résistance. C’est avec quelques petits cris de guitare que le set commence. Lee Ranaldo n’est pas encore sur scène que l’on entend déjà sa douce à intervalles irréguliers. Pour le moment, l’audience a pour vision une chaise, une corde (de pendu?), un ampli à lampes et des pédales d’effet. Lee arrive et surprend tout le monde en gravissant les marches de la salle tout en tapotant sur sa guitare. Les visuels, qui ont été composés par sa femme, démarrent : tour à tour, défilent des images d’arbres, de néons, de gens dans la rue, la flamme d’une bougie (clin d’oeil à Daydream Nation?), des scènes de défilés de mode et de concerts (de feu Sonic Youth?), des feux d’artifice, le tout en effet miroir. Lee continue ses péripéties, explore les sons de son instrument tel un chercheur d’or. Cette guitare a sans doute donné naissance à plus de sons que toute autre camarade. Des couches sonores s’ajoutent, par moments, comme ces tintements de cloches de plus en plus stridents. Cette performance aura duré plus d’une heure durant laquelle le public, béat, sera resté coi.
La guitare de Lee aura été tapotée, frottée par un archet, balancée (c’était donc ça la corde) et grattée pour le plus grand plaisir de la salle comble. Il quittera la scène en toute humilité, pour retrouver son public, discuter avec lui, faire des photos, signer des albums, le tout avec le sourire et en toute simplicité. Lee Ranaldo, mon amour…
Nancy Junion