Le 14 décembre 2013, se déroulait, au Botanique, le premier festival LOUD by Court-Circuit. Reprenant le flambeau du Concours Circuit « Rock Dur » sans l’aspect concurrentiel, ce nouveau dispositif offre aux groupes, sélectionnés par des professionnels lors des diverses étapes de sélection, un festival de showcases ainsi qu’un dispositif d’accompagnement et un suivi à plus long terme. Retour sur le festival et zoom sur les nouveaux poulains de Court-Circuit.
Les tout jeunes Hungry Hollows ont ouvert le bal. Mais ne vous fiez pas aux apparences car, s’ils ont des airs d’angelots, ils sont parvenus à moucher la salle en quelques secondes. De fait, ce trio tout droit venu de Liège nous a envoyé un son particulièrement abouti et, chose pas toujours évidente pour un groupe, a embaumé la salle d’un chant digne des meilleures références du genre. Nos hommages donc à ce jeune homme qui a sacrément mué! Notons peut-être des influences un peu trop présentes, reflétant une identité en pleine construction. Démarré en 2010, le groupe a toutefois déjà sorti deux EP. Une belle évolution qui n’en est qu’à ses prémices. Petit conseil : laissez tomber vos relents pop et sombrez réellement dans le stoner… il y a dans cette voie bien plus de promesses!
Si le power trio était à l’honneur avec les Hungry Hollows, voilà un autre trio liégeois qui, lui, vient briser les standards. Angakok est donc composé d’un batteur, d’un guitariste et non pas d’un bassiste mais d’un second guitariste. Et même si le support rythmique est absent, ils nous balancent, littéralement, leur doom métal avec une efficacité ravageuse. C’est puissant et lourd à souhait, le chanteur charismatique nous gratifie des plus belles mimiques pour un concert trop court, somme toute. Pas très étonnant qu’ils apparaissent sur plusieurs compilations! Et s’ils sortaient un EP en 2009, espérons que LOUD leur permettra de nous offrir un album complet.
Ithilien était l’OVNI de la soirée. En effet, le groupe de folk-métal est fougueusement arrivé sur scène, costumé de cuir et de peau, pour nous diffuser son subtil et épique mélange de métal et de musique celtique. Si le genre en fait rire plus d’un, la qualité est là! Les musiciens maîtrisent leur instruments et le son est bon. Un son résolument métal qui ne partira heureusement pas dans le folklorique grotesque. Ce qui marque avec ce groupe, c’est le plaisir de jouer et de donner qui transcendent chacun de ses membres. Ils sont plus que présents, souriants, à l’aise. Le public s’amuse et est conquis par cette formation décidément de live.
Coubiac, band made in Brussels, poursuit la soirée avec un style presque indéfinissable. Après avoir sorti leur second EP JAB cette année, ils ont déjà partagé la scène avec des groupes tels que Hey Colossus, Child Bite, Saviours ou encore Gnod. Ils débarquent donc, tel un puissant bordel, menés par un chanteur au charisme débordant – connu également avec Excuse Excuse – et un batteur d’exception. Leur son est bon et tombe parfaitement sous l’appellation « loud » mais l’ensemble du live est toutefois en dents de scie. Les pauses entre chaque morceau, telles de brutales cassures, brisent un peu l’uniformité du set ; ce qui ne permet pas la juste adhésion à l’univers du groupe et établi une distance avec un public un brin perplexe.
Liège encore Liège… sur la scène de la rotonde. Khohd est là, professionnel, froid et statique. Accompagné de visuels en noir et blanc, on serait bien tenté d’en faire un groupe-concept : la vidéo est-elle au service de la musique ou est-ce l’inverse? Leur musique est à la fois lourde et claire, psychédélique et métal. Le set est cohérent, royalement mené du début à la fin, sans lasser une minute. Virtuoses dans leur style, ils semblent miser sur la qualité plus que sur le vécu. Établissant une ambiance étrange, positionnant le public entre leur froide distance et la qualité foudroyante de leur jeu.
Le festival s’achève, comme le veut la tradition, avec les vainqueurs de l’édition précédente. Et on comprend aisément comment The K. avait remporté le Concours Circuit il y a deux ans. Un album Flesh Reveals Millions Of Souls et bien des scènes plus tard, leur réputation n’est plus à faire. Et dans les faits, qu’en est-il? Les organisateurs de LOUD by Court-Circuit auraient-ils rêvé meilleur final? Leur chanteur n’est déjà pas sans rappeler Iggy Pop (il y a pire référence). Il nous gratifie donc d’un set en caleçon, se suspend aux baffles, bouge dans tous les sens, montre son fessier, jette de l’eau sur la batterie… Un showman dont on pourrait penser qu’il en fait trop sauf que rien n’est surjoué. Il vit sa musique, il n’hésite pas à partager avec un public dont il est résolument proche. Le rock est de qualité, tout est en place, la voix du chanteur (encore lui!) est rageuse au possible tout en restant chantée. Très humains, ils n’hésitant pas à faire une pause en hommage à un ami disparu. Le bassiste et le batteur sont en transe tandis que le chanteur fait appel à une membre du public pour le remplacer à la guitare, lui donnant l’occasion de disperser les éléments de la batterie au cœur du public pour une tonitruante prestation. L’occasion pour le groupe, une fois le déménagement opéré, de finir son set en beauté au milieu d’un public, aux anges.
Un concert de clôture ravissant certainement l’organisation qui a vu cette première édition s’achever dans la plus parfaite ambiance de douce décadence.