Distribué chez nous par Numéro Zéro et récompensé en 2012 au Festival du Film de Sarajevo et au Festival International du Film Francophone de Namur, Papa vient Dimanche sortait en salles en octobre de cette année. Pendant presque deux heures, ce drame familial s’attarde sur le pétage de plombs d’un jeune père prêt à tout pour passer du temps avec sa fille, dont il partage la garde avec son ex-femme.
Marius a pris quelques jours de congé pour s’occuper de Sofia, sa fille de cinq ans. Levé de bonne heure, il se fait une joie d’emmener la petite en vacances à la mer. Otilia, son ex-femme, vit désormais dans leur appartement conjugal avec son nouveau compagnon (Aurel), sa mère (Coca) et l’enfant en question. Mais ce qui semblait a priori être un acte banal dans l’existence de parents divorcés va petit à petit se transformer en une envolée hystérique.
Tourné caméra à l’épaule, ce deuxième long métrage du Roumain Radu Jude étonne par sa manière de décrire le quotidien de parents se disputant la garde de leur unique enfant. Traitant le récit, et surtout l’évolution de ce récit, avec une lenteur calculée, le réalisateur nous plonge dans une atmosphère pesante voire suffocante. Un univers qui nous amène à nous poser des questions sur notre propre réaction dans pareille situation : que ferions-nous si nous étions, comme ce père, douloureusement tenu à l’écart de la vie de notre enfant par une mère inconsciente ou profondément cruelle? Et cette mère, est-elle réellement inconsciente ou cruelle? N’est-elle pas simplement blessée? Blessée par le comportement de cet homme avec qui elle a décidé, un jour, de fonder une famille…
Sans fioritures ni tabous, ce film capte un instant précis : celui où l’on bascule, poussé à bout. Papa vient Dimanche se regarde comme une fenêtre ouverte, laissant place à la réflexion sur un des aspects glauques de nos sociétés modernes.