Reggie est une dindon différent des autres : conscient de sa destinée (être engraissé pour être dévoré), il veut vivre une autre vie. Exclu de sa basse-cour, il rencontre Jake, un aventureux fanatique, et ensemble ils tentent de remonter le temps pour changer le cours de l’Histoire. En enlevant la dinde du menu de la première cérémonie de Thanksgiving, ils comptent bien libérer leur peuple de la gourmande barbarie des humains… Rien que ça!
Les trente premières minutes de Free Birds sont à l’image du synopsis : complètement loufoques. Sans chercher à installer aucune cohérence, les auteurs font fuser les gags à une allure démente. L’humour est à mi-chemin entre la subtilité absurde des Monty Python et le nihilisme démonstratif assumé des Nuls. C’est libre, c’est frais, les scénaristes jouent de leur imagination sans vraiment s’imposer de limites, assurent l’équilibre entre les gags visuels et un humour plus profond et nuancé. Serait-on tombé sur un petit bijou hors normes en ces temps avancés de normalisation des codes cinématographiques?
Malheureusement, dès que le voyage dans le temps est consommé par nos deux héros, le rythme se calme, l’histoire s’installe et l’ennui un peu aussi. La psychologie des personnages se développe – les héros arriveront-ils à surpasser leurs conflits intérieurs pour faire valoir leur vraie nature et arriver à l’orgasmique « happy end » ? – et le treizième degré se perd dans un scénario qui exploite des filons maintes fois usités. Demeurent un ou deux moments d’extravagance et quelques explosions de rire étalées sur une heure de film qui évitent le naufrage total.
Free Birds reste un film d’animation coloré et sympathique mais il aurait plus l’être tellement plus si les auteurs n’avaient pas bridé leur imaginaire, sûrement pour mieux correspondre à la logique marchande et frileuse des studios. Les plus petits accrocheront peut-être, les plus grands devront quant à eux ravaler leurs frustrations mais pourront toujours se venger sur une dinde au moment des fêtes!
Alexis D.