Le Vooruit a été le théâtre d’une splendide soirée, ce mercredi 30 octobre. Malicieusement intitulée Double Bill, cette tournée atypique est née de la volonté de deux groupes en même temps si proches et si éloignés l’un de l’autre : Chelsea Wolfe et Russian Circles. Annoncée il y a une paire de mois de cela, Double Bill fait pas mal d’heureux.
Chelsea ou la mysticité moderne aux pointes à la fois saturées et cristallines. Russian Circles ou trois gars qui font un bruit monstre, mais tout en mélodie, à coups de pédales et de loops bien en jambes.
Malheureusement pour les retardataires, Chelsea Wolfe accompagnée de ses musiciens hors pair, commence bien à l’heure. Elle est venue présenter au public son dernier bonheur sonore : Pain is Beauty. Un set succulent, un mélange parfait entre les morceaux issus de ses précédents albums et de sa dernière plaque. Au fur et à mesure que les notes défilent, les frissons tentent sans doute de se frayer un chemin sous l’épiderme dru des nombreux fans de Russian Circles (RC) présents ce soir. Cette grande dame, élégamment vêtue d’une longue robe noire, d’un collier au pendentif énorme et sous une légère cape en tulle blanche, fait de sa voix son effet le plus précieux et le plus savoureux. Telle une déesse grecque, elle transporte l’audience du premier au dernier soupir.
Le temps de se désaltérer, d’en griller une ou d’aller faire un tour du côté du merch, et c’est parti pour la deuxième kermesse auditive de la soirée.
Ils sont trois mais ils donnent l’impression d’être bien plus. Leurs armes : une basse, une guitare, une batterie, des pédales et quelques effets secrets. Russian Circles ou le philharmonique du post-métal. D’entrée de jeu, RC conquiert son audience, forte en testostérone, avec un 309 suivi du presque classique Harper Lewis. 1777, sorti en avant-première sur les réseaux sociaux musicaux il y a environ deux mois, prolonge les réjouissances offertes par le trio ricain. L’effort continue et les applaudissements et cris fleurissent progressivement et en rythme avec le groupe. Carpe régale les fans de la première heure tandis que Mlàdek termine en beauté ce set impeccable. Russian Circles, c’est à la fois très mélodique et puissant, le spectateur se laissant facilement emporter par les vagues très envoûtantes des compos. Après un rappel plus que mérité, Chelsea Wolfe se plaît à chanter en compagnie de ces trois jeunes barbus sur Memorial. La performance finira harmonieusement par Youngblood.
Bien que la qualité du son semble avoir été allégée et que les fumigènes manquaient (en comparaison avec leur dernier concert au Magasin 4), il est certain que ces garçons-là ont bien huilé leur set. Double Bill ou comment proposer aux fans un concept novateur. Les concerts de l’année? On les aura en tout cas bien attendus!
Nancy Junion