Parallèlement aux événements et expositions organisés dans le cadre du festival Design September, le Mode and Design Center de Bruxelles (MAD) organisait huit soirées de débats et performances sonores. Après Apaches, Bishopdust et Tervuren, c’était au tour de Thibet d’occuper la scène du MAD, le vendredi 27 septembre. Le premier concert de ce jeune groupe clôturait, ce soir-là, les festivités 2013.
Projet solo de Gregory Vandamme, Thibet s’est révélé au grand jour en février dernier avec un premier EP (Three Songs from William Blake) diffusé sur Internet. Trois titres éthérés desquels se dégage une douce mélancolie, trois morceaux qui nous plongent dans un univers introspectif mystérieux, voire envoûtant. L’arrivée de Thomas Venegoni, de David Davister et de Julien Bacquet donne aujourd’hui une autre dimension au projet initial : les quatre musiciens proposent de nouvelles chansons dont l’interprétation allie puissance et retenue, simplicité et sophistication.
Orthographié avec un « h » à la manière des orientalistes français du 19e siècle, le nom Thibet, nous explique Gregory, renvoie à l’image qu’avaient les occidentaux de ce pays : une contrée inaccessible et interdite qui regorge de mystères, de miracles et de révélations spirituelles. Ce Thibet évoqué par le groupe n’est donc pas un pays réel ou une culture particulière, mais plutôt une région de l’âme, une tendance humaine à explorer la frontière entre le ciel et la terre, en quelque sorte « le toit du monde ». Il s’agit donc ici d’évoquer un aspect de l’existence humaine aujourd’hui piétiné et humilié par une société matérialiste et cynique, à l’image du Tibet, qui voit sa splendeur naturelle et sa culture millénaire ravagée par la modernité de l’industrie et de la culture de consommation.
Ils sont une petite cinquantaine à être présents ce soir, Place du Nouveau Marché aux Grains, pour assister aux premiers pas de Thibet. Morning, tel est le titre du morceau d’ouverture de ce concert. Malgré leur expérience de la scène, les musiciens semblent tendus, distants… peut-être parce que leur prestation est diffusée en direct sur MAD Radio et qu’ils doivent respecter le délai d’antenne qui leur est imparti. Quoi qu’il en soit, à l’écoute de cette intro, on reste sur la réserve. Vient ensuite Song (Memory, hither come), synonyme d’un stress qui s’amenuise petit à petit pour laisser place au partage. Les quatre acolytes sont maintenant beaucoup plus ouverts, tournés vers leur public. The Burden et Tear the veil achèveront de les mettre totalement à l’aise et surtout de faire éclater cette paroi de circonspection qui s’était glissée entre nous. Un sentiment de communion qui atteindra son apogée avec Fountain of Joy, une chanson provoquant en nous la naissance du sentiment suggéré par son titre. With every Breath et les applaudissements du public déchaîné, se chargeront de nous ramener à la réalité après 30 minutes d’un parcours musical qui nous aura fait voyager par delà les sommets enneigés de l’Himalaya.