Bruxelles-les-Bains, sa plage artificielle, ses cocktails, mais aussi sa scène : Let It Beach. Une scène qui accueillait quatre groupes, ce vendredi 26 juillet, pour une soirée de showcases consacrée au rock dur. L’événement, organisé par l’asbl Court-Circuit en collaboration avec Liberation Frequency, était programmé en amont du festival LOUD qui se tiendra le 14 décembre prochain au Botanique.
17h50, The Eyes From Beyond joue déjà depuis une bonne demi-heure, faisant claquer ses accords sur les murs des immeubles alentour, quand on arrive enfin à atteindre le site (vive la capitale et ses perpétuels embouteillages!). Que dire de la prestation d’un groupe dont on n’a vu que les 50 dernières secondes? Et bien qu’on pouvait sentir l’effervescence ambiante lorsque les derniers riffs ont retenti et qu’en tendant l’oreille après le concert, on a entendu plusieurs commentaires du genre : « c’était vachement bien ». Voilà qui s’annonce de bon augure pour le band qui vient de sortir son premier album, Behind Electronic Process Negative, sur vinyle.
Pendant que les musiciens de The Holmes s’adonnent au soundcheck usuel, on patiente une bière à la main avec un bon vieux Rage Against The Machine en guise de fond sonore. Le trio, composé de Giacomo Panarisi (Romano Nervoso), d’Adriano de la Vega (The Subs) et de François Maigret (No One Is Innocent), est en quelques sortes un super side-project made in La Louvière. Chanteur dans Romano Nervoso, Giacomo endosse ici le rôle de batteur (même s’il donne aussi de la voix), Adriano est quant à lui à la basse et François à la guitare. Du blues cracra, les trois compères passent volontiers au rock garage pour un set rythmé et bien calé. On en redemande! Et le public aussi…
Après une nouvelle pause syndicale (changement de matos oblige), il est maintenant temps de faire place à Ramon Zarate. Non, il ne s’agit pas d’un lanceur de poignards espagnol (ndlr : personnage du même nom apparaissant dans les aventures du célèbre reporter à la houppette), mais d’un combo liégeois. Ce soir, c’est boule à zéro pour tout le monde… sauf pour le batteur qui comble, à lui seul, les manques capillaires de ses compagnons de scène. Bien en place, les rockeurs de la Cité ardente composent un stoner/down tempo qu’ils exécutent efficacement mais sans réelle implication. En d’autres termes, des morceaux bien torchés mais sans véritable histoire, qui nous laissent un goût singulier en bouche.
Dernière interruption avant The Fabulous Progerians, ce qui nous donne l’occasion de siroter une petite piña colada. Alors qu’on tente péniblement d’aspirer les dernières gouttes de notre cocktail, les premières notes se font entendre. Les gaillards jouent en terre conquise ce soir et ça se sent : le public est venu en masse pour les applaudir. Le trio propose un rock garage à l’énergie punk, brut et couillu à souhait. Le batteur derrière ses fûts nous apparaît comme un lointain cousin de Paul le poulpe tant ses bras tentaculaires semblent se démultiplier au fil des roulements. Alors que les nuages du ciel bruxellois se teintent d’un voile orangé, deux voix se donnent la réplique : l’une plus mélodique, l’autre plus animale. Après 45 minutes de live, ponctuées par les apparitions d’Hugues de Castillo à la guitare (ex-animateur du Rock Show avec Jacques de Pierpont) et de Logan Bronson au chant (Chugalug), les fabuleux Progerians clôturent cette soirée de concerts dans la confusion (on perçoit, en effet, par moments un manque d’organisation au sein de la formation : une setlist serait la bienvenue) mais en beauté.