Frédérick travaille depuis quelques années comme stagehand et technicien du spectacle. Il aide à charger/décharger les camions, à installer la scène et à la démonter après les concerts. Il fait aussi partie de l’asbl Made in Borinage, qui cherche à mettre en avant les artisans et artistes du Borinage.
Vis-tu de ce métier ?
C’est ma principale source de revenu. Sauf actuellement, bien sûr, il n’y a plus grand chose. Depuis le 13 mars, j’ai travaillé trois jours.
Comment as-tu vécu la crise du Coronavirus ?
J’ai fait quelques intérims, une formation de régisseur que j’ai dû abandonner pour raisons personnelles. Ici, je me lance dans des formations pour m’aider à trouver du travail hors événementiel. Je suis pour l’instant une formation de cariste et de conduite de camion.
Quel genre d’aide as-tu pu avoir, financière ou morale ?
J’avais toujours droit au chômage, et j’ai pris quelques missions en intérim. Au niveau personnel, je suis entouré par mes amis et ma famille. J’ai mis un certain temps à réaliser que mes activités professionnelles n’allait pas reprendre tout de suite, et donc qu’il fallait que je m’adapte et que je cherche d’autres sources de revenu pour vivre.
Vu la situation, envisages-tu de changer de voie professionnelle ?
Non, j’aimerais poursuivre là-dedans, c’est ce que j’aime faire. Il y a une grande variété de tâches, de lieux. Et je n’ai pas envie de me reconvertir une nouvelle fois. Je viens déjà de l’Horeca…
Quel avenir pour la musique live ? Comment se passeront, selon toi, les concerts du « futur » ?
C’est une question que je ne me suis pas vraiment posée. J’ai vu que tout récemment, en Espagne, ils ont organisé un événement où les gens étaient testés avec des tests rapides. Si c’est une solution pour recommencer à organiser des activités culturelles, même si c’est un peu discriminatoire, pourquoi pas. Pour moi, il n’y aura pas de retour à la normale avant un an et demi ou deux.
En cette période morose, quel morceau te remonte le moral ?
Pas un titre particulier, mais plutôt un groupe qui tourne pas mal chez moi pour le moment: Ganja White Night, de la dubstep composée et jouée par deux amis de Mons. Relativement inconnu en Belgique mais ils cartonnent aux États-Unis.
Ton concert préféré ?
Sans hésitation le concert de Roger Waters au Sportpaleis en 2017. Mais je ne peux pas faire sans évoquer Rage Against the Machine à Forest National en 2000, Prodigy, en 2018, toujours à Forest National, quelques mois avant le décès de Keith et le show impressionnant de Rammstein au stade du Heysel en 2018.
Une anecdote en lien avec ton métier ?
Dans mon domaine d’activité, on fait partie des « hommes et des femmes de l’ombre », et le public ne se doute souvent pas qu’on est nombreux·euses sur le pied de guerre depuis 7h ou 8h du matin pour préparer les 2h de concert du soir. Un soir, après un concert, avec les collègues, on était en train de charger le camion et beaucoup de monde était à proximité pour tenter d’avoir un autographe de l’artiste ou un selfie avec lui. Nous on poussait nos caisses, fatigué·e·s par la journée mais toujours motivé·e·s. Une des personnes qui attendait a dit : Eux aussi on peut les applaudir, car sans eux, pas de concert !, et on s’est retrouvé·e·s face à une foule qui nous a applaudi·e·s. J’avoue que ça fait plaisir quand les gens se rendent compte que derrière un artiste il y a une équipe qui fait en sorte que tout se passe bien.