Le 12 septembre dernier, on a profité de notre présence au Salon, à Silly, pour réaliser l’interview de Denis Jalocha, son programmateur et chargé de relations publiques. Depuis une dizaine d’années, ce passionné de musique se démène pour faire bouger la campagne sillienne au son des groupes pop-rock de notre pays et d’ailleurs.
Parle-nous un peu du lieu dans lequel on se trouve
À la base, c’était un salon de musique. Au 19e siècle, on y programmait des concerts classiques et de musique de chambre. Dans les années 70, le lieu est tombé à l’abandon puis a été relancé dans les années 80, notamment pour sa bonne acoustique. Ce n’est qu’en 1998, qu’on a décidé de vraiment y organiser des concerts rock. Ça fait donc plus de vingt ans maintenant. Une belle longévité et une belle marque de confiance du public et des artistes !
Quelle est la forme juridique de votre structure ? Bénéficiez-vous de subsides en lien avec votre activité ?
On est une asbl composée de bénévoles. Depuis trois ans, on est lié à la Fédération Wallonie-Bruxelles via un contrat-programme. On a vraiment bataillé pour l’avoir. On a également intégré le réseau du Club Plasma et ça nous a beaucoup aidé•e•s. On n’a pas bénéficié d’un budget spécifique en tant que membre du réseau mais on savait qu’on pouvait compter sur eux pour des aides ponctuelles. Maintenant on a un contrat-programme et si on n’avait pas cette aide-là, surtout face à la crise actuelle, on perdrait énormément d’argent. On travaille en effet actuellement dans une configuration particulière. Un soir normal, on peut mettre jusqu’à 300 personnes dans la salle. Ce soir, on n’était que 85 ! On n’est pas les seul•e•s dans le cas, on est bien conscient•e•s. On s’est beaucoup posé la question de savoir si on allait faire ce concert ou pas. On a un esprit assez positif et créatif dans cette asbl composée de différents profils, dont des scientifiques. Et c’est une grande richesse. On en a beaucoup parlé et on a finalement décidé de le faire. Aujourd’hui, on est content•e•s d’avoir maintenu cette date car les retours du public, des groupes et de la régie sont favorables. On ne sait pas ce qu’il en sera dans les prochaines mois, si tout ceci sera encore possible. Mais ici on voulait donner un signal fort et positif. On a encore trois concerts prévus en septembre, après on verra… En toute transparence, on a demandé un subside extraordinaire à la Ministre de la Culture, Bénédicte Linard. On doit avoir une réponse dans le courant du mois de novembre. En attendant, on va devoir prendre des décisions clés prochainement.
Le Salon est situé à moins de 50 km de Bruxelles. Quel public fréquente votre salle et pour quelles raisons ?
Souvent, les gens viennent pour l’affiche, les groupes programmés. Aujourd’hui, on a des Bruxellois, des Liégeois, des gens qui viennent d’assez loin. Lorsqu’on accueille des groupes moins connus, le public se limite à un périmètre de 30 km autour de Silly, mais quand on a des affiches internationales, comme par exemple lorsqu’on a programmé Birdpen, le public est beaucoup plus hétéroclite géographiquement. On a déjà accueilli des personnes de l’Aveyron, en France. Elles ont fait mille kilomètres pour venir assister à un concert chez nous. Donc oui, ça dépend vraiment de l’affiche. Ce soir on avait des Bruxellois parmi nous. Maintenant, les groupes nous ont expliqué qu’ils ne jouaient pas beaucoup actuellement. Ceci explique peut-être cela. Quoi qu’il en soit, les gens sont en manque de concerts.
Quels types d’artistes/de groupes programmez-vous ?
On a Saule vendredi prochain. Date pour laquelle on a conclu un très chouette partenariat avec la Brasserie de Silly. Comme on l’avait déjà programmé en mars et que c’était complet, puis qu’avec les mesures on ne peut pas accueillir plus de 200 personnes à l’intérieur, on a décidé de faire le concert à l’intérieur de la Brasserie, pour pouvoir respecter les distances de sécurité. Après, on a aussi prévu un concert jazz, mais le jazz c’est plus cosy et c’est un style musical qui convient bien à un public assis. Tous les deux ans, en partenariat avec le Centre Culturel de Silly, on organise les Francosillies, un festival 100% chanson française. Cette année, le festival aura lieu dans le cadre de la fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles et sera gratuit. On devra également limiter la jauge à une centaine de personnes alors qu’on fait dans les 250 les autres années, mais vu les consignes actuelles, on ne peut pas faire autrement.
Quelles mesures avez-vous prises pour que le concert de ce soir puisse avoir lieu ?
Le protocole sanitaire s’est un peu assoupli au début du mois de septembre : on est passé d’une distanciation de 1m50 à 1 mètre. Cela nous a permis de mettre plus de places en vente. On doit penser en termes de bulles, on peut accueillir des groupes de cinq personnes max. Les bulles doivent être séparées d’au moins un mètre, ce qui est le cas ce soir. On avait 85 personnes dans le public aujourd’hui, en respectant les mesures Covid. On a remué ciel et terre pour ça, et les gens ont été très respectueux des consignes. Sous les masques, on voyait les yeux pétiller et on devinait les sourires sur les visages. Et ça, c’est super motivant.
Quels sont les trois concerts qui t’ont marqué au Salon ?
Je commencerais par Birdpen. Ce sont quand même des membres d’Archive et puis c’est pas tous les jours que des artistes internationalement connus viennent dans un petit club au coeur d’un village de 8500 habitants. J’apprécie tout particulièrement leur style atmosphérique et leurs riffs de guitare. En plus, ce sont des gens très sympas, humbles. Ensuite, curieusement, je dirais Talisco. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je pensais que c’était mainstream. En général, on fait plus dans l’alternatif. Et au final c’était vraiment bien. Un gars très pro avec une équipe très pro. Et très sympa aussi. Et pour finir, dans le jazz, Mélanie De Biasio. C’est devenu une pointure alors qu’elle a joué ici il y a une dizaine d’années et qu’à l’époque elle n’était pas connue. Elle est originaire de Charleroi comme moi. Après, il y en a plein d’autres, mais dans mon top 3, ce sont ceux-là.
Une anecdote à partager avec nous ?
C’est moins alternatif que ce qu’on fait d’habitude, mais on a accueilli Tiph Barrow il y a deux, trois ans. C’était son anniversaire ce soir-là mais on ne le savait pas. Quand elle est arrivée, on lisait la déception sur son visage, je pense qu’elle aurait aimé qu’on lui souhaite, mais on n’était pas du tout au courant. Heureusement, un fan s’est présenté à l’entrée avec un gâteau d’anniversaire et nous a demandé s’il pouvait monter sur scène pour lui offrir. Elle était super étonnée et émue. Après le show, elle nous a invité•e•s dans sa loge avec ce fan pour partager le gâteau. C’était un moment très convivial et sympathique.