S’il y a bien un élément qu’on apprécie par-dessus tout au cinéma et à la télévision, c’est la neige. Véritable entité ultra esthétique, la neige, comme paramètre de récit, est souvent traitée comme un personnage à part entière dont la présence, souvent imposante est signe de menace ou d’obstacle. Elle est généralement accompagnée d’une cohorte de misères tel que le vent, le froid, voire la désorientation et la peur. Nous savons dès la première seconde, dès la première exposition d’un plan sur un paysage enneigé qu’un malheur n’est jamais loin. La neige…
Ça tombe bien, The Head, production conjointe d’HBO et Hulu, nous emmène dans les paysages blancs de l’Antarctique, pour rejoindre un groupe de scientifiques prêt à passer une longue nuit hivernale (six mois tout de même) dans le centre de recherche international Polaris VI. Un groupe de chercheurs et de chercheuses, mais aussi connaissances de longue date, prêt•e•s à se retrouver confiné•e•s avec à la clé une découverte capitale pour lutter contre le changement climatique.
La série débute réellement avec l’arrivée de la relève, quand le jour, au bout de six longs mois obscurs, pointe enfin le bout de son nez. À sa tête, le commandant Johan Berg. Non seulement pressé de reprendre son poste mais surtout, et principalement, de retrouver son épouse, Annika, membre de l’équipe restée sur place. L’homme est assez nerveux. Il faut dire que depuis plusieurs jours Polaris VI ne répond plus…
Vous vous en doutez, quelque chose de terrible s’est déroulé dans la station. Et de fait, sur place le seul comité d’accueil est constitué du silence et de la découverte des cadavres des membres de l’équipe. À partir de ce moment, on comprend que la série va s’axer entièrement sur l’enquête, une recherche des raisons et des coupables de ces massacres. Constituées de flash-backs et d’incessants allers-retours entre les membres Polaris et les réflexions de la relève, les pièces du puzzle se mettent progressivement en place durant six épisodes.
The Head utilise tout l’arsenal scénaristique disponible pour accrocher le spectateur. Twists improbables, cliffhanger en fin d’épisode, courses poursuites, gore, jump scares, référence appuyée à The Thing de John Carpenter, tout est mis en œuvre pour que la série sois vécue comme une véritable montagne russe de sensations, une attraction immersive qui vous aimante au fauteuil. Et pourtant… ça ne décolle jamais.
Jamais au cours des six épisodes, on ne peut ressentir le danger représenté par les éléments météo. Il est bien fait mention d’un moins 30 degrés de temps à autre, mais les protagonistes se déplacent à l’extérieur sans trop de soucis. Jamais le froid ne semble leur poser problème, jamais de givre sur leur peau ou de vapeur pour marquer la respiration. Alors que la neige et le gel se devaient d’être le danger propre à ce genre de situation, il est ici éludé, ce qui décrédibilise complètement le scénario. De plus, cette absence de sensation de froid renforce l’impression d’un tournage sur fond vert, ce qui enfonce encore plus le clou du côté artificiel de la série. Ajouté à ça un casting international constitué d’un Danois (Alex Willaume Jantenz – Tomb Rider 2018), d’un Allemand (Richard Sammel – The Stand), du vieux briscard irlandais John lynch et, cerise sur le gâteau, du professeur de La casa de papel en la personne d’Alvaro Morte. Casting qui donne naissance à une espèce de cacophonie d’interprétations, chacun semblant jouer sa propre partition sans réelle direction.
The Head est donc à la base, et sur papier, un mix prometteur entre un classique de l’horreur enneigé et un roman d’Agatha Christie pour n’être finalement qu’un thriller à grosses ficelles et rebondissements incohérents. Et on ne peut pas dire que le suspens retombe comme un soufflé froid, car si un élément majeur est bien absent au cours des six épisodes, c’est bien le froid !