Pour son quatrième album, sorti le 14 février 2020, Bambara abandonne les sonorités rageuses et noise pour des ballades d’inspiration gothique, dans une veine proche de celle de Nick Cave. Et le résultat, Stray, est un bijou de noirceur et d’introspection porté par des textes excellemment bien écrits à travers lesquels le groupe originaire d’Athens (Géorgie) ne manque pas de nous partager son obsession pour la mort et la folie.
L’album s’ouvre sur Miracle. La voix sombre et mystérieuse de Reid Bateh nous conte l’histoire de cette beauté qui s’est fait tatouer le mot « méchanceté » à l’intérieur de la lèvre inférieure et qui rend les hommes fous. Cette même Miracle qui revient dans le titre Stay Cruel et que le chanteur implore de rester cruelle.
Autre thème récurrent de l’album, la fascination pour le feu, avec Heat Lightning, mais surtout avec le noisy Serafina. Serafina, c’est cette jolie pyromane au nom chantant qu’on appelle Sera pour gagner du temps, amoureuse des fusées pyrotechniques, dont les cheveux sont imprégnés par l’odeur de l’essence et qui sourit la bouche remplie d’allumettes.
Et la mort qui rôde tout au long des dix titres comme un fil conducteur. Mort qui prend les traits d’une femme fatale assise à un bar, sirotant un cocktail à base de cerise et draguant les hommes en leur promettant du bon temps (Death Croons), cette mort à laquelle on tente aussi d’échapper par tous les moyens (Sing Me to The Street).
Et puis, il y a l’amour, celui qui a pour pendant la folie et vous pousse dans les bras de filles telles que Miracle et Serafina. Cet amour qui unit l’eunuque Ben et son infernale moitié Lily (Ben & Lily) ou celui qui empêche le narrateur de Machete d’oublier sa première passion, Crystal, qu’il n’a pas été en mesure de protéger, même avec sa machette.
Encore les affres de l’amour et de la mort avec notre coup de coeur Made for Me qui fait dire à l’être aimé : « s’il y a un enfer, c’est là que tu dois être ». Le titre Sweat nous offrant la clef permettant de s’assurer que l’on n’est pas passé de vie à trépas : « lorsque la sueur continue à nous piquer les yeux ».
Cette phrase résume à elle seule la noirceur décalée de ce sublime album qu’est Stray. Dérangeant, voire perturbant pour certaines oreilles, mais à notre sens incontournable !