Beaucoup de bienveillance, un goût prononcé pour l’alternatif et un humour ‘so british’ quelque part entre l’autodérision et le sarcasme : on vous présente François Custers. Programmateur musical et graphiste à l’Atelier 210, musicien, compositeur et peut-être un jour réalisateur, ce créatif et boulimique artistique a bien plus d’une corde à son arc. Il a accepté de nous parler de son métier, de ses doutes, de ce qui le rend fier et de sa passion pour la musique. Rencontre.
Salut François ! Parle-nous un peu de toi…
Je m’appelle François Custers et je suis directeur artistique, ici, à l’Atelier 210… même si je préfère dire programmateur puisqu’on travaille en binôme avec ma collègue Isabelle. Elle se charge du théâtre et moi des concerts et de tout ce qui ne relève pas du domaine théâtral. Ça fait cinq ans que je bosse ici et j’y ai exercé à peu près tous les boulots possibles, sauf directeur technique. J’ai commencé en tant que stagiaire en com puis j’ai bossé un an en étant payé avec les moyens du bord avant de reprendre le temps plein de ma collègue. Pendant deux ans, j’avais quasi deux jobs à temps plein : responsable communication et programmation. Et puis, on a obtenu une reconnaissance de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui nous a permis d’engager et de m’éviter de cumuler deux boulots. Maintenant, je me consacre exclusivement à la programmation de concerts, de podcasts avec les Blow Out Sessions ou encore de festivals. Je m’occupe également du graphisme.
Peux-tu nous faire un petit historique de l’Atelier 210 et du bâtiment qui l’abrite ?
On est ici dans une école, l’Institut Saint-Stanislas. Leur salle de spectacle était une lourde charge pour eux et le bâtiment difficile à entretenir. Il y a 15 ans, notre directeur, Benoît Roland a lancé le projet, qui était à la base un travail de fin d’études sur la création d’un nouvel espace culturel à Bruxelles. Il a été jusqu’au bout et réussi à trouver un deal avec l’école pour qu’elle nous confie la gestion de sa salle. Aujourd’hui, on est toujours enclavé•e•s dans cette école, ce qui a des répercussions sur notre quotidien, comme le fait que les sound check des artistes ne peuvent pas commencer avant 16h au risque de déranger des classes. Nos relations ne sont pas toujours évidentes… On essaie de communiquer sur ce qu’on fait, mais nos réalités sont tellement différentes que ça coince parfois un peu. Le bâtiment a été rénové il y a à peu près 10 ans : la façade a été totalement refaite, ce qui donne véritablement une identité à l’endroit. Dans les années 60, le lieu abritait un cinéma de quartier et la structure de la salle est restée telle quelle. Une partie de la salle a été transformée en salle de répétition et en local technique. C’est un lieu très chaleureux qu’on essaye de rendre encore plus chaleureux et dont on essaye de garder l’esprit.
La structure juridique Atelier 210 a été créée il y a 15 ans. Elle est donc encore très jeune au regard d’autres institutions bruxelloises similaires à la nôtre. Au moment même de sa création en 2005, c’est Fadila Laanan qui était Ministre de la Culture. Elle avait écrit un moratoire qui prévoyait l’exclusion automatique de subsides pour toute nouvelle salle qui ouvrirait. Car, selon elle, il y avait trop de lieux culturels à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. On a donc fonctionné 13 ans sans subsides structurels. On était le premier lieu qui faisait en même temps du théâtre et des concerts sans que l’un soit le parent pauvre de l’autre pourtant on a dû attendre l’arrivée d’Alda Greoli à la culture pour obtenir notre premier contrat-programme. On est à notre deuxième saison subsidiée. On est passé•e•s du mode survie à un mode de vie un peu plus tenable. Malgré tout, à mon sens, ça n’a pas été une expérience que négative. Au contraire, ça a donné au 210 un esprit particulièrement guerrier et témoigne de la détermination des gens qui bossent ici. Une famille extrêmement soudée ! La preuve, quand on organise un repas d’équipe, tou•te•s les ancien•ne•s sont là et beaucoup sont membres de l’assemblée générale. Ça reste cependant une galère de faire valoriser nos activités, on a moins de subsides qu’un lieu équivalent, mais ça stimule la débrouille. Il n’y a personne qui fait juste son taf ici, tout le monde met la main la pâte, tout le monde est concerné.
Combien de personnes travaillent ici ? Des bénévoles ?
On est une petite dizaine, sept ou huit dans l’équipe permanente. Mais en équivalent temps plein ça fait six, je crois. On a quatre membres dans l’équipe technique et des stagiaires. Les barmen et barmaids sont bénévoles, du bénévolat défrayé. Avant on avait aussi des bénévoles dans l’équipe interne, à l’époque où on n’avait pas de subsides.
Ça correspond à quel montant les subsides ?
On touche 575 000€ par an sur cinq ans de contrat-programme. Le problème a été d’obtenir une répartition claire de ces subsides. On a voulu déposer un dossier de lieu pluridisciplinaire car c’est purement ce qu’on est : théâtre et musique comme piliers, mais aussi toutes une séries d’activités annexes. Ce à quoi on nous a répondu qu’il fallait introduire deux dossiers, un pour la musique et l’autre pour le théâtre, pour finir par nous remettre un contrat-programme de lieu pluridisciplinaire. Au final, la grosse majorité des subsides va dans l’emploi. En théâtre, contrairement à la musique, il y a des commissions paritaires, des contrats de travail correctement encadrés. En musique, c’est la loi de l’offre et de la demande. Des gens perdent parfois de l’argent pour faire des concerts. Avant, c’était difficile pour moi de suivre les ambitions que j’avais car les moyens humains et techniques étaient très restreints. Maintenant, les choses sont un peu plus simples même si le budget spécifique pour les concerts reste très faible. Notre équilibre dépend toujours de l’offre et de la demande. À la fin de l’année, on ne doit pas avoir perdu d’argent.
Combien de concerts organisez-vous par an ? Et de quel style ?
Je pense qu’on en organise une petite cinquantaine par an. On programme aussi huit pièces de théâtre sur l’année. Je n’aime pas trop parler de style, même s’il y a clairement des étiquettes associées au 210. On est sur du rock alternatif, sous toutes ses formes. Pas mal de jazz émergent, nouvelle scène jazz aussi. Ici, les critères, ils se trouvent autre part. L’intérêt pour moi c’est le live, ce qui va faire la différence alors que chaque soir se jouent des concerts intéressants. Je recherche des groupes qui proposent une forme de dépassement, d’expérimentation. Et les concerts peuvent prendre différentes formes : concerts quadriphoniques (La Colonie de Vacances, par exemple), concerts couchés ou dans le noir complet. C’est ce genre de performances qu’on veut offrir à notre public. Ce que je préfère, c’est quand la salle est vraiment aux couleurs du groupe qui s’y produit. C’est la même chose avec le théâtre. J’aime les spectacles immersifs, dans lesquels tu vis littéralement les choses. Notre autre point fort, ce sont les release party. On a lancé pas mal de nouveaux groupes de la scène locale. Je réfléchis beaucoup à comment mettre plus en avant les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles et je pense que ça passe notamment par le fait de bosser avec eux, parfois très longtemps en amont, via des résidences et du coaching, par exemple. Mais, le problème quand on est une petite structure, c’est que ce n’est pas toujours évident d’avoir des conditions de travail qui permettent aux artistes de vraiment se révéler.
Quelle est ta position par rapport à la représentation des femmes dans l’industrie musicale ?
Le 210 a été l’un des premiers partenaires de SCIVIAS, une initiative des diverses institutions du secteur public de la Fédération Wallonie-Bruxelles en vue d’une meilleure représentativité des femmes dans l’industrie de la musique. Je suis très concerné par cette question. Je crois qu’il y a beaucoup de travail à faire et je suis très content que SCIVIAS ait vu le jour et de la manière dont les choses sont formulées. Ils ont réussi à trouver cette subtilité qui incite davantage à l’engagement qu’à la réaction négative. Je sais qu’au début certains programmateurs se sont braqués car ils pensaient que ça allait contrarier leur quotidien. Pour moi, le problème doit être pris dans sa globalité et il faut comprendre que ce ne sont pas uniquement les salles ou programmateurs qui empêchent des groupes avec un lead féminin ou composés d’une majorité de femmes de se produire. Ce ne sont pas les salles qui sont les seules responsables, mais ce n’est pas non plus une raison de se déresponsabiliser. C’est comme l’écologie… Moi, pauvre citoyen, qu’est-ce que je peux faire contre Monsanto ou Total ? Et bien je peux faire partie de la solution et permettre à des portes de s’ouvrir ! Il faut tenter de dresser des modèles exemplaires même si on y est pas encore tout à fait, il faut être honnête là-dessus.
L’histoire de la musique est imprégnée d’une idéologie patriarcale. Je pense notamment à l’adage ‘sex, drugs and rock’n’roll’. C’est tout un imaginaire qui a été créé au fils des décennies. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette absence de visibilité n’est pas seulement liée à des artistes féminines à qui on refuserait d’accéder à la scène, mais aussi au fait qu’énormément d’artistes féminines sont empêchées, pour plein de raisons symboliques, d’y accéder. Il y a un travail qui doit se faire et je crois en la discrimination positive, mais de manière temporaire. Il ne faut pas que ce soit éternellement comme ça.
Ce qui est paradoxal pour nous par contre, c’est qu’il n’a jamais été aussi difficile de faire des concerts de groupes ‘féminins’ que maintenant. Aujourd’hui, si tu veux programmer un groupe avec une forte présence de femmes, ça devient vite impayable. Il y a plein de groupes que j’essaye de placer mais tout se négocie. Ce jeu, cette négociation perpétuelle, est l’une des choses les plus dures dans mon métier. Sur le nombre total de concerts que j’essaie de booker, il y n’y a que 10-15% qui se font vraiment, et donc, dans 85% des cas, mon travail est bon pour la poubelle. Tous les jours, je reçois des mails d’agents qui me disent : « Le groupe ne veut jouer qu’au Botanique, à l’Ancienne Belgique ». Donc, il faut se battre pour convaincre les bookers étrangers qu’il y a d’autres salles à Bruxelles, ou mettre beaucoup d’argent sur la table. Beaucoup de groupes vont jouer en Flandre où certaines salles demandent l’exclusivité et payent pour ça quatre fois le prix. Les « groupes des femmes » font maintenant également partie de ce show. Il y a des groupes avec lesquels on pouvait s’entendre sur des cachets deux fois moins chers quelques mois auparavant mais qui deviennent impayables une fois qu’ils sont demandés partout. Ce qui est vraiment frustrant, c’est que j’essaye de rester cohérent en matière de programmation, de travailler sur des thématiques mais que je dois tout le temps m’adapter et repenser ma ligne en fonction des groupes qui décident d’aller jouer ailleurs.
Tu es programmateur, graphiste mais aussi musicien ? D’où vient cette boulimie artistique ?
Je suis avant tout un créatif. J’ai un besoin vital de création. J’ai envie de tout faire. Ici, je fais de l’animation vidéo, de l’illustration et du graphisme. J’ai toujours fait de la musique et dans plein de styles différents. À une époque, j’étais très fan de photo et je suis persuadé que j’aurai sûrement envie de réaliser un film un jour dans ma vie. On en parle déjà avec ma femme qui est réal. Je suis un enfant de YouTube. J’ai eu une formation universitaire qui m’a permis de me débrouiller dans plusieurs domaines mais c’est surtout que j’ai grandi à une époque où on a tous les instruments à notre portée pour devenir graphiste, compositeur… Certes, il faut de la passion mais actuellement on a beaucoup de facilités. Avec une connexion Internet, tu peux faire beaucoup de choses. Pour moi, les vrais génies ce sont les mecs qui passent des heures à faire des tutoriels sur YouTube. Il y a quelque chose de très libertaire avec Internet et je reconnais que j’en ai grandement profité. Ça me permet de me former au quotidien dans plein de domaines.
On a assisté au try out de ton nouveau projet musical, Guilt, le 31 janvier dernier, à l’Atelier 210. Comment tu gères le fait d’être à la fois programmateur et artiste ?
Je suis musicien à la base et j’ai la chance de pouvoir travailler dans ce domaine. Ce dont j’ai un peu souffert en étant professionnel de la musique, c’est que ça a eu tendance à me paralyser et m’empêcher de faire moi-même de la musique. En plus, me retrouver au 210 pour mon premier show me rendait vraiment honteux, mais je le faisais à la base pour remplacer une première partie qui avait fait faux bond. L’équipe a été trop cool en me rassurant là-dessus. C’est très compliqué d’être à la fois juge et partie, car mon job au quotidien c’est fondamentalement de juger des gens. On m’envoie des trucs et je dois prendre position. Pour moi, la musique est synonyme de véracité, et j’entends malheureusement beaucoup de projets qui ne remplissent pas forcément ce ‘critère’. Dans le sens où beaucoup veulent ressembler à ceux qu’ils écoutent. Je trouve qu’en Belgique, on est spécialement un pays qui a tendance à l’ersatz. On a un sentiment d’infériorité et on estime que notre propre personnalité ne va pas intéresser, alors on joue aux Anglais ou aux Américains. C’est quelque chose de très belge qui peut pas mal m’énerver, mais il y a plein de raisons derrière ça et je n’en veux évidemment pas aux artistes qui subissent plus les injonctions qu’ils ne les perpétuent.
Quel avenir tu entrevois pour ce projet ? Est-ce que tu comptes faire des concerts une fois que le confinement sera levé ? En solo ou avec des musiciens ?
Les choses avancent super bien sur ce front, c’est cool. Toute une équipe s’est formée autour du projet ces dernières semaines, autant du côté pro (label, management, booking, RP) que de celui des musiciens qui y collaborent, donc on prévoit beaucoup de choses une fois que le ciel s’éclaircira un peu. Ce que j’aime beaucoup dans l’évolution actuelle du projet, c’est le fait d’être entouré de tellement de gens prêts à envisager les choses un peu différemment, en mettant les principes de bienveillance et d’inclusivité au centre, mais aussi en permettant aux différents musiciens de ne pas se confiner uniquement à leur instrument référence et en essayant de valoriser la créativité de chacun. Le groupe continuera ainsi probablement son évolution avec une géométrie assez variable, et la version solo ne sera pas complètement sacrifiée non plus. Surtout, j’essaie au maximum de profiter de ma position de privilégié (homme blanc cisgenre européen) pour faire de Guilt le porte-voix de celles et ceux qui n’ont pas les mêmes accès, la même écoute. C’est un projet qui refuse un peu l’autocentrisme et c’est vraiment une démarche super enrichissante pour moi qui ne suis pas le dernier pour parler de ma gueule quand même. Le confinement est évidemment aussi bénéfique pour la création musicale et beaucoup de choses sortent du studio en ce moment. C’est super excitant et frustrant à la fois parce que je suis de nature assez impatiente et la période n’aide pas. J’avais quelques assez grosses confirmations à annoncer, notamment en festival, et maintenant je crains que leur annulation soit annoncée avant mon nom au line-up. Mais, au final, je suis loin d’être le plus à plaindre dans l’histoire…
Trois concerts au 210 qui t’ont marqué ?
Ça c’est dur ! En premier, je dirais La Colonie de Vacances parce que je fais un métier où il est difficile d’être satisfait. C’est un peu comme entraîneur de foot. Tu as eu un bon match mais tu enchaînes trois jours après avec un autre. Tu es toujours dans le stress. Le seul moment où je suis satisfait, c’est quand pendant un concert je me dis : « C’est là, c’est en train de se passer, il y a plein de gens, c’est cool ». Et j’ai eu ce sentiment avec La Colonie de Vacances. C’est un projet que j’ai préparé durant un an et demi : un an et demi de négociations, de mises en place, de contre-expertises techniques parce qu’ils jouaient sur quatre scènes en même temps. C’était vraiment génial, en plus deux soirs d’affilée. Je pense que c’est le concert dont je suis le plus fier.
En deuxième position, je mettrais Alabaster dePlume qu’on a fait jouer l’année passée. Ça a été un échec total au point de vue entrées mais je suis complètement tombé amoureux de ce mec que je considère comme un génie. L’objectif de ma communication était de faire comprendre aux gens que ce type est un génie mais malheureusement ça n’a pas vraiment fonctionné. On était un peu moins d’une cinquantaine, dans une petite salle, donc ce n’était pas dérangeant. Et ce concert m’a permis de rencontrer ce pilier de la scène néo-jazz londonienne. C’est la personne qui est venue ici qui m’a le plus touché et je sais que pour les 40 personnes qui étaient présentes, ça a été un moment exceptionnel. J’en ai encore des frissons…
Et enfin, en troisième position, je pense à Buriers. Ils sont venus pour la première fois ici il y a quatre ou cinq ans, c’est ma collègue Julie qui les avait programmés. Je commençais seulement à travailler. Ils jouaient dans le bar, ce qu’on ne fait plus actuellement pour des raisons de qualité sonore et de nuisances pour les voisins. À nouveau, on n’était pas plus de 50 personnes. James P. Honey, le leader du groupe, est un des meilleurs poète que je connaisse en musique : une écriture style Léonard Cohen mais avec davantage d’influences comme Kate Tempest, Ken Loach, très social, très anglais, cockney. Concert somptueux avec autour de moi des gens en larmes, avec James qui depuis est devenu un ami, un mec en or avec qui je peux parler durant des soirées entières. Buriers est un groupe qui, à mon sens, devrait être disque d’or, sensation de la décennie. Je ne comprends pas comment ils ne sont pas encore arrivés là et, à côté de ça, j’en suis très content car ils ne se sont pas faits embarquer par le système. C’est un projet qui mérite d’être entendu par beaucoup plus de gens. Tu ne peux pas être déçu par Buriers, tu les a vus une fois, tu reviens. Donc avoir pu faire mon premier concert au 210 en ouvrant pour eux était une chance énorme, certes complètement auto-attribuée, ce qui m’a mis super mal à l’aise, mais la première partie avait dû annuler une semaine avant, et l’équipe du 210 m’a encouragé à le faire et me sentir à l’aise avec ça.
Une anecdote qui pour toi personnifie l’Atelier 210 ?
Des expériences de galère j’en ai plein. J’ai une petite anecdote qui est révélatrice du contexte dans lequel on vit. Je ne sais même plus quel groupe c’était, mais un gros… Je me demande si ce n’était pas les Limiñanas. C’était sold out, le mec s’amène avec le chariot rempli de matériel. Pour tout monter jusqu’à la salle, située au premier étage, je lui explique où il peut prendre l’ascenseur. Je me vois dire au mec : « Tu vas au bout à droite et tu trouveras un ascenseur ». Je l’attends en haut et je me dis qu’il prend beaucoup de temps. Je redescends et je le rencontre. Le mec me dit : « Je ne trouve pas l’ascenseur ». Je me dis : « Mais quel con ! Il suffit de suivre le couloir ». Je me dirige avec lui vers l’ascenseur et je me rends compte qu’il y a un mur à la place, juste un mur. Durant le week-end, l’école avait décidé de murer l’ascenseur car elle n’en avait plus l’usage. Sauf que cet ascenseur nous permettait d’acheminer tout le matos à l’étage. C’est le style d’anecdote qui permet de comprendre l’absurdité et le manque de concertation auxquels on est parfois confronté•e•s.
En décembre de l’année passée, concert de Micah P. Hinson, en partenariat avec Autumn Falls, sold out, un dimanche soir. Et qui je vois arriver ? James P. Honey, chanteur de Buriers. Micah l’avait invité sur deux dates avant donc il l’avait suivi à Bruxelles. Du coup, je suis là, je suis super content. On commence à parler avec Micah. Il était suivi par une équipe de tournage qui réalisait un documentaire sur lui. Dans l’équipe, il y avait un mec qui avait deux cigarettes électroniques hyper concentrées en THC. Micah lui demande s’il peut essayer et je le vois prendre la plus longue taffe de l’histoire des taffes et continuer comme si de rien n’était. Je n’ai jamais vu un aussi mauvais concert au 210… Il était complètement défoncé. Il ne savait plus qui il était, ni où il était. Il s’est retrouvé sur scène à faire n’importe quoi et c’était chaotique. Pourtant, plein de gens n’y ont vu que du feu. Je me souviens que je me sentais responsable et plus je voyais la salle se remplir, plus je me demandais comment il allait pouvoir monter sur scène. Résultat, il n’a fait que de la merde et le public était ravi !