Le 7 novembre dernier affichait sold out depuis belle lurette. Il faut dire que le Bota avait encore fait fort en réunissant Girl Band, Fontaines D.C. et the claque. Trois formations irlandaises qu’il ne faut plus présenter.
Ayant manqué the claque, c’est dans une foule infranchissable que l’on tente vaguement de s’infiltrer afin de profiter des tant vendus Fontaines D.C., qui avaient ouvert le bal pour IDLES et Metz aux Nuits 2018, créant la surprise. Chacun de leur live est apparemment une partie de plaisir. Pourtant ce soir, les cinq jeunes musiciens n’ont d’énergique que leur musique. Leur son est sacrément bon et ils prodiguent leur post-punk un peu pop comme des maîtres mais, hormis le batteur, les membres du groupe semblent avoir deux de tension. Même si les choses s’améliorent en fin du live, le public est partagé, partiellement réceptif. Les compos sont sacrément bonnes et l’album est vraiment cool mais Fontaine D.C. n’est pas ce que l’on peut appeler un groupe de live.
Au centre de la salle règne une agitation particulière. Une bande d’Irlandais agrémente en effet l’ambiance de son doux grain de folie. Cette effervescence est décuplée au moment où les lumières passent en mode strobo et où un son noise strident introduit enfin la très attendue tête d’affiche. Quatre ans après l’excellent Holding Hands with Jamie, Girl Band est venu nous présenter le petit nouveau, The Talkies, annoncé dès juin avec le single Shoulderblades.
Le groupe s’affirme donc dans cette résonance unique qu’il a su créer. Ce noise rock indé qui montre de manière de plus en plus flagrante l’influence qu’il puise dans la musique électronique, voire la techno. Ça se perçoit assez clairement dans les sonorités et les rythmiques développées. De manière générale, ce qui fait la différence avec le groupe de Dublin, c’est ce travail de recherche sonore. C’est le genre de groupe qui a manifestement expérimenté et travaillé son univers musical afin de définir sa singularité. Girl Band a sa patte, ce truc qui fait qu’on le reconnait directement à l’écoute et qui en prime casse les codes des genres établis, rendant l’étiquetage compliqué. Et c’est pour un bien !
Girl Band suinte la détresse, l’énergie folle et Dara Kiely nous l’offre dans toute sa vérité brute. Le chanteur, exhale l’expression intense d’une détresse interne avec la plus grande des pudeurs. Il inonde la salle de toutes ses énergies, tantôt plus claires et retenues, tantôt complètement hurlées, expulsées de lui-même. Au-delà de l’aspect musical, le personnage bouleverse. Et sans discontinuer, les morceaux se succèdent. Ces lignes de basses lancinantes et aliénantes, ces éclats de guitare reconnaissables qui nous écorchent. Le groupe nous balance ses compositions à la gueule, nous surprenant un peu plus chaque fois, là où on ne s’y attend pas, et ça fait du bien !
Moment de pure extase lorsqu’il joue Why They Hide Their Bodies Under My Garage ?, dont le clip nous avait allègrement retourné les tripes en 2015. Et si la preuve quant aux influences citées plus haut manquait, cette cover est la pièce phare de Blawan, un DJ techno. Girl Band brise ainsi les conventions, celles qui font par exemple que l’on considère que c’est aux DJs de remixer du rock et non l’inverse. C’est donc un public en transe qui accueille le dernier morceau, Paul, dans un sursaut exalté.
Ce soir, on sort heureux•ses de l’Orangerie. Girl Band est bel et bien autant une claque sur album que sur scène !