Mardi 27 novembre 2018. En cette fraîche soirée d’automne, on se rend à l’Atelier 210 munis de notre plus beau calepin et de notre appareil photo, avec comme objectif de se laisser surprendre par Le Réveil des Tropiques qu’on découvre sur scène pour la première fois !
On arrive… et, malheureusement pour nous, Wyatt E. entame son dernier morceau. Mais, pour être honnêtes, on connaît très bien ce projet liégeois. Wyatt E. voit le jour en 2015, avec un premier album deux titres orienté drone/psyché et même post-rock avec une touche orientale, rendant le trio plutôt singulier. C’est tout naturellement qu’on découvre ces musiciens l’année suivante au Dunk!festival, un rendez-vous cher à notre coeur, et qu’ils nous mettent un sacrée claque ! On les retrouve d’ailleurs à ce même festival deux ans plus tard, mais totalement transformés. C’est vêtus de sortes de burqas noires qu’ils entrent en scène. Des burqas qui, depuis lors, sont devenues leur tenue fétiche.
Ce soir, en un seul morceau, on est immédiatement emportés au-delà des nuages par l’atmosphère lancinante, répétitive et lourde de cette musique. On voyage et contemple avec eux cet orient fantasmé, ou peut-être simplement secret. C’est avec impatience qu’on attend la suite de leur périple, avec la sortie du 3e album d’une série de six opus, prévue, on l’espère, pour cette fin d’année. Le deuxième album, Exile to Beyn Neharot, date du mois de septembre 2017 et est sorti sur le label israélien Shalosh Cult. Une réédition du premier est, quant à elle, disponible sur Tsar Zona. Le public, encore assez disparate, semble conquis, et les applaudissements le confirment !
Après une petite pause au bar, on retourne dans la grande salle et observe le deuxième groupe, Elefant, s’installer. Des énergumènes parés de tenues de chimistes font des va-t-vient sur scène… que nous préparent-ils ? Visuel rétro-futuriste, look de savants crados et changement total d’ambiance avec ces belges, flamands cette fois. Ils décrivent leur musique comme étant un mix de Neu !, Old Lady Drivers, Diamanda Galas, Mykki Blanco et Crass, autant dire un sacré mélange ! Un frontman à la Kurt Cobain, complètement déjanté, un percussionniste dansant sur ses instruments, un batteur fou et un guitariste hypnotisé par sa guitare.
La formation dérange, joue avec le public et essaye de le conquérir. Le projet dénote en effet totalement avec la soirée et l’accueil est plutôt réservé. On n’a d’ailleurs pas bien compris l’intention des artistes, mis à part la volonté de nous bousculer avec leur nouvel album sorti sur 9000 Records : Konark Und Bonark. Avis aux amateurs de trucs complètement cintrés et musicalement « what the fuck? », nous on n’entre pas dans le délire, et on ressort un peu interloqués par cette 2e partie.
Vers 22h15, c’est l’arrivée tant attendue du Réveil des Tropiques. Le public fait son retour dans la salle pour applaudir l’entrée en scène des Français. On n’a qu’une envie : replonger dans un univers mystique. Et on va être servis ! Les cinq compagnons, tous issus de formations bien connues et plutôt krautrock/psyché/expérimentales telles que Oiseaux-Tempête ou à base de synthés comme Casse-Gueule s’installent et prennent la scène à bras le corps !
Le frontman, Stéphane Pigneul arrive vêtu d’une cape à capuche et nous emmène instantanément dans sa danse. Les musiciens semblent tour à tour endosser le rôle de chef d’orchestre, occupant le milieu de la scène comme un terrain de jeu d’un psychédélisme délicieux. On balance la tête, on se laisse submerger par ces envolées merveilleuses, et on savoure ces moments d’échanges entre les musiciens qui ont l’air de bien se marrer, et franchement ça fait du bien ! Un saxo distordu résonne parfois, emmené par l’homme aux multiples projets et multi-instrumentiste Frédéric D.Oberland. Leur dernier 12 pouces, Big Bang, est sorti sur le fameux label Music Fear Satan en janvier et est à conseiller à toutes les oreilles sensibles aux douceurs transes, totalement improvisées et toujours hyper cohérentes !
En résumé, une soirée marquée par de multiples émotions, dans ce lieu qu’on aime pour sa chaleur et son public, composé de spectateurs issus de milieux différents et rassemblés le temps d’un soir autour d’artistes qui sortent de l’ordinaire.