Dimanche 6 mai 2018, dernier jour des Nuits. Ce soir, Iceage joue en tête d’affiche à l’Orangerie du Botanique avec The Body et It It Anita. Vu la prestation décevante des Danois et la claque que nous ont foutue les Liégeois, ça aurait clairement pu être l’inverse.
C’est le duo The Body qui ouvre le bal. La formule est simple : guitare, batterie et hurlements. Dans quelques jours, les Américains sortiront un nouvel album (I have fought against it, but I can’t any longer) dont on reconnaîtra le titre Sickly Heart of Sand parmi la setlist. Faites d’expérimentations et d’improvisations, leurs compositions doom metal, bien que peu accessibles à un public non averti, plongent la salle dans une atmosphère particulière. L’audience est plus que clairsemée en ce début de soirée mais il faut dire qu’on n’est pas habitué à ce genre de musique en ces lieux et qu’il a fait (et fait toujours) super chaud aujourd’hui. Les amateurs de musique préférant donc rester dehors à siroter leur bière ou assis sur les marches qui mènent au chapiteau, plutôt qu’enfermés dans une Orangerie baignée dans une ambiance digne de l’Apocalypse.
On retrouve It It Anita en grande forme ce soir. À quelques jours de décoller pour une tournée canadienne avec Lysistrata, les noise-rockeurs nous offrent le meilleur show de la soirée. Une performance explosive et orgasmique, à la fois carrée et punk. Composé d’excellents anciens titres comme 25 (From Floor To Ceiling) et NPR, leur set est également agrémenté d’extraits de leur quatrième et nouvel album, LAURENT, en hommage à Laurent Eyen, le meilleur ingé son rock du royaume, qui sortira à la fin du mois d’août sur le label français Vicious Circle. Dernier morceau de la setlist et premier single de leur album à paraître, Another Canceled Mission achève ce concert en beauté avec un chanteur-guitariste (Damien Aresta, pour ne pas le citer) en transe au milieu de la foule. Mission réussie pour le quatuor liégeois. Putain, quel pied !
Iceage émerge de la scène DIY danoise en 2008. Le groupe est à l’origine formé par un trio d’amis d’enfance : le chanteur (Elias Bender Rønnenfelt), le batteur (Dan Kjær Nielsen) et le guitariste (Johan Surrballe Wieth). Ils seront ensuite rejoints par le bassiste (Jakob Tvilling Pless). L’âge moyen de ses membres est alors de 17 ans. Après la sortie d’un album éponyme bouclé en quatre jours, Iceage tourne aux États-Unis et accouche d’un deuxième bébé, You’re Nothing, en 2013, suivi un an plus tard de Plowing Into The Field Of Love. De retour avec Beyondless, son dernier album, sorti il y a à peine deux jours, Iceage a de quoi nous transporter en live.
Elias Bender Rønnenfelt entre en scène vêtu d’une chemise chamarrée laissant apparaître son torse, d’un pantalon classique large taille haute et de boots. Il n’y a pas de doute, on a affaire ce soir au look rétro austère très apprécié des groupes post-punk. Le chanteur a du charisme, certes, et une sacrée voix, mais qu’est-ce qu’on s’emmerde ! Plutôt que d’assister à une vraie prestation, on a l’impression de participer à une session d’écoute du nouvel album, qui sera d’ailleurs presque entièrement joué, ainsi que trois titres de Plowing Into The Field Of Love et deux de You’re Nothing (Ecstasy et Morals).
Malgré l’énorme envie qui nous tiraille d’aller commander une bière au bar et de se poser en terrasse au lieu d’assister à ce concert d’une extrême fadeur, on restera dans l’Orangerie jusqu’à la dernière note, dans l’espoir de voir ceux dont les albums avaient réussi à nous séduire se ressaisir… mais ça n’arrivera pas. Une prochaine fois peut-être ?