Fort d’un succès mérité, Luis Vasquez aka The Soft Moon et son mélange de noise, de shoegaze, de post-punk et d’indus étaient accueillis par une salle bondée, le 17 février dernier, au Botanique.
En ouverture des hostilités, SΛRIN, artiste irano-canadien basé à Berlin, était invité à partager sa grosse tech sombre et industrielle avec le public. Sa prestation, telle une simple et ‘straight to the point’ mise en jambe, nous a donc amenés remontés au plat de résistance de la soirée.
Petite mise en contexte : En 2010, The Soft Moon avait marqué les esprits avec son premier album éponyme sorti sur Captured Track suivi, deux ans plus tard, par son digne héritier Zeros. En 2015, il avait poursuivit sur sa lancée avec Deeper. Même si la qualité était toujours au rendez-vous, on n’avait pourtant pas manquer de penser que le style s’essoufflait un peu…
C’est ainsi que huit ans et trois albums après ses débuts, Luis Vasquez s’offre une collaboration avec le label Sacred Bones pour son nouvel album : Criminal. Ce dernier est sans hésitation un nouveau souffle pour l’artiste américain, qui s’affirme encore plus industriel et noise.
S’il est facile d’étiqueter l’opus du sceau de NIN ou A Place To Bury Strangers, on lui découvre une nouvelle énergie jusqu’à présent beaucoup plus contenue et contrôlée. Il faut dire que le mot contrôle vient vite à l’esprit concernant cet artiste qui créé sa musique seul et s’accompagne ensuite de musiciens en live. Un contrôle qui se ressent aussi dans sa prestation carrée, en place, irréprochable et… manquant un brin de spontanéité. Concert après concert, c’est un sentiment récurrent. Tout est bon : la présence, la musique, les compos, etc. Tout, et pourtant, il manque ce petit quelque chose.
Est-ce inhérent à la personnalité du musicien ? Peut-être. Sa démarche, il la qualifie ouvertement de processus artistique personnel. Une musique qui n’était pas forcément vouée à être entendue du public. Et d’une certaine manière, on le ressent. Ajoutons à cela un style somme toute relativement linéaire qui, avec un set comptant pas moins de dix-huit chansons, peut par moments manquer de relief.
En dehors du groupement alcoolisé euphorique et déchaîné aux premières loges, force fut de constater qu’une forme de lassitude passagère gagnait ponctuellement la foule. Dès le premier morceau, Criminal, l’ambiance était déjà instaurée, et si un génial Circles avait vite ravivé l’auditoire, il augurait les prémisses d’un live en dents de scie.
The Soft Moon, c’est le genre de groupe à aborder en live les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. C’est un plongeon dans un univers d’introversion et d’introspection où chaque sonorité résonne comme une sensation tantôt douloureuse, tantôt jouissive. Un live dont on sortira toutefois mitigé, même si l’on repartira des vinyles sous le bras et The Pain en tête pour les semaines à venir.