De nos jours, de nombreux cinéastes s’inspirent de faits réels. Il y a dix ans, un attentat faisait une quarantaine de victimes à Casablanca. C’est ce fait d’actualité qui est au centre du nouveau long métrage du réalisateur marocain Nabil Ayouch : Les Chevaux de Dieu.
Yassine, 10 ans, vit au Maroc à l’époque où le pays émerge des années de plomb, cette période de répression marquée par la violence qui s’étend de 1960 à 1980. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l’armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier. Quand Hamid est emprisonné, Yassine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yassine et ses copains de rejoindre leurs « frères ». L’Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyrs…
Ce film de Nabil Ayouch est un chef-d’œuvre. Les acteurs (Abdelhakim, Abdelilah Rachid, Hamza Souideq, Ahmed El Idrissi Amrani, Saïd Lalaoui et Achraf Aafir) sont débordants de vérité. Bouleversant de beauté et de réalisme, ce long métrage s’immisce dans la manipulation sans entrer dans le voyeurisme. Outre le thème du fanatisme religieux, il traite de la pauvreté, de la vie difficile des jeunes dans les bidonvilles de Sidi Moumen (près de Casablanca) et des relations qui évoluent de l’enfance à l’âge adulte. Le tout en gardant un regard fier et absolument pas larmoyant sur cette situation. Une histoire forte qui raconte sans juger, en expliquant les choses simplement. Des images dures mais magnifiques qui parlent bien plus que des mots. Un film à vous couper le souffle qui se joue actuellement dans la plupart des cinémas alternatifs belges.
Emilie Fouquet