Le 21 juin dernier, The Dillinger Escape Plan passait à l’Ancienne Belgique pour faire ses adieux au public belge. Une dernière soirée de sueur et de bonheur passée en compagnie de la formation américaine qui tirera sa révérence à la fin de sa tournée, après 20 ans de bons et loyaux services dans le hardcore.
Un soir de canicule s’abat sur la Belgique. La chaleur est si intense qu’on s’éponge déjà le front alors que les techniciens et roadies sont encore en train de s’affairer sur la scène de l’Ancienne Belgique, transformée en mode Box pour l’occasion. Les rumeurs disent que le groupe a été freiné dans sa course jusque chez nous et n’a pas eu le temps de faire ses balances.
Nos souliers collent au sol. Probablement un reliquat des deux premières parties : les Parisiens de Warsawwasraw et le groupe suédois God Mother. La salle est chauffée à bloc pour accueillir la tête d’affiche de la soirée. On se place, dès lors, près de la table de mix. Pas trop loin, mais pas trop près non plus. D’autres font de même, signe que ça va taper fort ce soir. Les haut-parleurs diffusent Everybody Hurts de R.E.M. Le calme avant la tempête !
Enfin, les lumières s’éteignent, le public hurle, des frissons parcourent nos corps, les mêmes qu’à chaque début de concert. Dès la première seconde de l’intro, Panasonic Youth, on se prend une grosse gifle. Au début, on a du mal à suivre les structures de chacun des morceaux tant elles sont complexes, mais l’ambiance chaotique qui règne dans la salle est communicative et on se surprend à tantôt taper du pied, tantôt grimacer pour saisir quelques bribes de paroles inaudibles. Il faudra attendre le quatrième titre Black Bubblegum pour souffler un petit peu et reprendre ses esprits.
Le répit aura été de courte durée puisque le groupe enchaîne directement avec Milk Lizard. Les hurlements de Greg Puciato au micro et la fougue de Billy Rhymer à la batterie font de ce concert un événement difficilement descriptible, tant il est intense. Les mains se lèvent, les têtes s’agitent, on nage dans un océan de sueur. Chaque morceau est comme un combat duquel on ne sort pas indemne. Les temps morts sont pratiquement inexistants et les titres s’enchaînent avec une puissance exacerbée. C’est seulement au bout du dixième morceau, Happiness is a smile, que l’on parvient à ouïr enfin quelques paroles. Avec One of us is the killer, le band nous offre une ballade relativement calme et douce, morceau très fédérateur et entonné en choeur par le public. Puis, il (nous) achève avec Farewell, Mona Lisa et Limerent Death avant de quitter la scène. Pendant que le public en demande encore et encore, les rideaux s’illuminent par intermittence, révélant comme un ersatz de ciel étoilé. La guitare continue à grésiller durant quelques minutes. À son retour, le chanteur se lance dans la foule pour un slam. Avant-dernier morceau : on s’est définitivement pris au jeu. La performance, longuement applaudie, du groupe se clôture avec 43% Burnt. Performance saluée à coup de verres de bières lancés à travers la salle ainsi que par quelques t-shirts trempés par la chaleur.
Le nom de The Dillinger Escape Plan, en arrière-plan de la scène, brille une dernière fois avant que les lumières ne se rallument et dévoilent le sol trempé d’alcool et de sueur. À la sortie du concert, la première bouffée d’air frais est comme une renaissance. On colle de partout. « Si je dois aller pisser maintenant, je ne pourrai jamais remettre mon pantalon », déclare une fan dans le hall d’entrée de l’AB. Quel autre plus beau résumé de cette soirée ?