Ce samedi 8 avril, Alt-R.fm, la webradio alternative lancée il y a tout juste un an par David Salmonowicz, fêtait son anniversaire à l’Atelier 210. Au programme : Valeero, Atlas et The Guru Guru. Trois groupes figurant sur la wish list de cet ancien journaliste musical à la RTBF, ayant quitté le service public pour se consacrer à la promotion de la scène indépendante belge et internationale.
VALEERO
Après quelques mots prononcés au micro par David, Valeero entre en scène. Formé à Liège en 2015, sur les cendres de Big Moustache Bandits, le groupe vient tout juste de sortir son premier EP (Sweet Abandon). À cette heure de la soirée, le public est encore relativement froid et clairsemé. Antoine Litt, le chanteur, invite la foule à avancer : « Approchez-vous, on a besoin de vous sentir ! ». Que ce soit musicalement ou physiquement parlant, on s’était déjà rendu compte des similitudes qui existent entre Valeero et Queens Of The Stone Age, lors de leur prestation aux éliminatoires du Concours Circuit en 2016. Malgré tout, la guitare fait du bien aux oreilles et la batterie, au coeur. Tandis que la basse, jouée à l’onglet, apporte de la puissance à l’ensemble, une des caractéristiques majeures du stoner. Les Liégeois font sonner leurs instruments comme des vraies rock stars. On sent une réelle cohésion entre les membres du groupe qui agitent leurs mèches de concert. Sur Serve The Master, Antoine esquisse de grands gestes tout en laissant s’échapper des sons gutturaux du fond de son âme, contrastant avec ses jolies chaussettes à pois. Après une demi-heure de set, les musiciens annoncent leur dernier titre : Down The Drain. Le guitariste s’avance, le regard fier, pour clôturer ce live par une fin chaotique, mais dans le bon sens du terme.
ATLAS
On a à peine le temps de souffler que l’entracte est écourté par les cris de Jeroen Vranken, chanteur du groupe Atlas. Les balances se transforment en concert et le concert en explosions sonores. Dans la même veine que Bring Me The Horizon à l’époque de Suicide Season, nos quatre Gantois nous présentent, ce soir, leur dernier album sorti, intitulé B L U S H. Du post-hardcore comme on l’aime, avec une énorme dose d’influence punk, que ce soit sur scène ou en studio : riffs rapides, simples mais efficaces, showman tout droit sorti d’un carnet de croquis de Tim Burton qui se contorsionne dans tous les sens, pieds de micro qui tombent et se font soulever dans les airs… Une énergie spectaculaire qui extériorise une haine à peine dissimulée. « Peut-être que je devrais me suicider ? », nous balance le chanteur entre deux morceaux. Il n’y a pas à dire, Atlas nous a foutus une sacrée claque. Troublants. Déconcertants. Irréels. Chaque membre bouge, prend sa place sur scène. Ils nous communiquent une union plaisante à observer malgré quelques imprévus puisque, malheureusement, leur guitariste (Jan Berckmans) n’a pas pu être présent ce soir pour des raisons professionnelles. Cependant, même s’il a eu un peu de mal à sortir un solo, son remplaçant s’est relativement bien débrouillé. Et c’est aussi là qu’on retrouve ce côté punk : personne n’est mis à part, personne n’est exclu. Par contre, mon Dieu, que c’était court ! C’était très certainement voulu (pour ménager le guitariste ? Pour se concentrer sur leur dernier album ? Pour ne donner que l’essence de leur musique et ne pas faire dans la rallonge inutile ?) mais que c’est frustrant, quand on aime, de recevoir si peu. Au moins, une chose est sûre : on sera présents à leurs prochains concerts. Ne serait-ce que dans l’espoir que, les fois suivantes, on soit prêts à encaisser chaque note en plein dans le coeur.
THE GURU GURU
Dernier groupe à monter sur scène, The Guru Guru, termine la soirée comme il faut. Les Limbourgeois commencent leur set avec We Had Been Drinkin’ Bad Stuff, single issu de leur album P C H E W (à prononcer comme le bruit d’un pistolet laser), paru fin mars. Tom le chanteur crie : « I’m ok, I’m ok, I’m ok ». Ils affichent tous sur leur visage des expressions très déterminées. Le bassiste est assez impressionnant. On dirait que sa tête est indépendante de son corps et qu’elle va s’envoler. L’énergie dégagée est puissante, tout le monde danse un petit peu. Après une chanson, le chanteur doit déjà s’essuyer le front à l’aide d’un essuie de vaisselle, ça suinte de partout ! Nos oreilles, le sol et les dürüms ingurgités plus tôt vibrent dans tous les sens. Le public crie, siffle, un gars tend sa bouteille à Tom, il refuse et lui fait un clin d’oeil. « I really need to speak to the manager, ’cause I’m really gonna need the ice maker to function », ce morceau (Back Door) nous rappelle vraiment des ambiances du groupe The Wytches. Dans la même veine que lui : envoûtant, un air de sorcellerie, des accords en arpège qui finissent en cris. Très lourd. Tom attire les regards, ils ne se décrochent pas de lui. Le guitariste remercie la foule à la fin de la chanson et ça nous rappelle que tout un groupe est là derrière, balance du son, excitant, qui prend aux tripes. On entend derrière nous : « ils sont vraiment trop bons »… et on ne peut qu’acquiescer. Tom, toujours omniprésent, est excité comme une puce et fait des grands gestes. Il saute, agite ses bras intensément et puis son visage se décompose en tellement d’expressions différentes impossibles à nommer. « We’re breaking the mic, bang bang bang ». Cinq jeunes fous se bousculent au premier rang, ça énerve certains et ça en fait rire d’autres, puis ça renverse des bières aussi. Alors qu’on pense que c’est la fin, le groupe nous offre un dernier morceau, pour le plaisir de tous. Guitare/basse/batterie dansent à l’unisson. Tom vient pogoter avec le public, puis il sort de scène, comme un voleur. Le groupe reste quant à lui en place pour finir le morceau. La foule exulte.
Lena Ramis et Léa Jandrain (KulturOpoing)