L’obscurité tombe, le brouillard se lève, une complainte étrange, fruit d’un duo entre une guitare et une clarinette s’élève. Et il apparaît, en poète maudit, habillé d’une longue redingote couleur fauve, d’un gilet de costume et d’une montre à gousset. Non, nous n’étions pas l’objet d’une hallucinante apparition du fantôme d’Oscar Wilde, hantant la campagne anglaise, mais au Magasin 4 qui accueillait And Also The Trees pour la présentation de son 14e album : Born Into The Waves.
Le groupe romantico-punk, formé par Simon Huw Jones au chant et son frère le magistral Justin Jones à la guitare, accompagnés par Paul Hill à la batterie, Grant Gordon (ex-Divine Comedy) et le français Colin Ozanne aux clarinette/saxophone/claviers/basses, reste manifestement profondément marqué par les plaines embrumées de son Worcestershire natal. Le style de Simon Huw Jones est ouvertement théâtral mais jamais hautain. La voix vous envoûte dès les premières intonations, portées par d’excellents musiciens, et en particulier par Justine Jones qui parvient littéralement à faire gémir sa guitare.
Ce soir, And Also The Trees ne s’est pas contenté de nous présenter son dernier album, que l’on vous invite à écouter et dont quatre titres ont été interprétés (Hawksmoor & The Savage, The Sleepers, Winter Sea, et Bridges), mais a réussi le tour de force de résumer plus de 35 années de carrière en moins de deux heures de concert. On a ainsi eu le plaisir de réentendre Dialogues (paru sur When The Rains Come en 2009), Brother Fear (issu d’Angelfish, sorti en 1986) mais surtout Slow Pulse Boy et Virus Meadow, le titre éponyme de l’album inspiré par l’épidémie de peste noire qui, au 18e siècle, a ravagé le petit hameau dont sont originaires les frères Jones.
Et toujours cette ambiance étrange, mélange de textes poétiques qui semblent avoir été écrits à une autre époque et de musique aux influences punk et psychédéliques indéniables qui nous transporte littéralement. Du grand art, tout simplement !