Hong-Kong – Juin 2013. Un groupe de journalistes attend fébrilement l’arrivée d’un mystérieux interlocuteur. En jean et t-shirt, lunettes et sac à dos, un jeune homme s’avance dans la foule, un Rubik’s cube à la main. Cette rencontre entre la documentariste Laura Poitras, le journaliste Glenn Greenwald et Edward Snowden est le point de départ du nouveau biopic d’Olivier Stone, consacré à l’ex-employé de la CIA.
Patriote idéaliste et enthousiaste, Edward Snowden n’a que 21 ans lorsqu’il s’engage dans l’armée en tant que recrue des forces spéciales. Son but ? Combattre en Irak pour « libérer les opprimés ». Quatre mois plus tard, un grave accident l’oblige à abandonner sa formation. Il semble enfin réaliser son rêve lorsqu’il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA pour travailler dans la sécurité informatique. Jusqu’à ce qu’il découvre petit à petit l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance et décide de dénoncer les pratiques abusives des services de renseignement américains, mettant l’administration Obama dans l’embarras.
Celui qui a maintes fois insisté pour que l’attention du public reste concentrée sur les révélations qu’il apporte et pas sur sa petite personne, est désormais le personnage principal d’un récit en flashback à travers lequel Oliver Stone tente de convaincre le public que le lanceur d’alerte est un héros. Certes, les questions soulevées par Snowden sont primordiales et le film permet de faire la lumière sur ce qui a conduit le jeune analyste à faire exploser cette bombe médiatico-politique – notamment sa relation avec Lindsay Mills, qui aura un rôle déterminant dans sa prise de conscience – mais il se contente de nous raconter ce qui s’est passé de manière très linéaire. L’histoire originale faisant toutefois l’objet de quelques digressions romancées, brillamment interprétées par un Joseph Gordon-Levitt convaincant.
Si ce long métrage pose un regard inquiétant sur la décadence de la civilisation occidentale (« Big brother is watching you ») – aussitôt rentrés de la séance, on a sérieusement envisagé de recouvrir la diode de notre webcam d’un sparadrap – il passe cependant à côté du véritable débat : faut-il sacrifier nos libertés au profit d’une éventuelle sécurité ?
À découvrir en salles dès le 2 novembre 2016.