Comme chaque année et malgré la météo maussade, nous étions à Meerhout, les 29 et 30 avril dernier, pour assister à la 25e édition du Groezrock. Après avoir tenté par tous les moyens de contacter les organisateurs dudit festival afin qu’ils nous fournissent des photos de l’événement destinées à illustrer notre compte rendu (puisque c’était la solution qu’ils proposaient en cas de non-accréditation de notre photographe), nous nous sommes résignés à utiliser leur artwork en guise de visuel.
JOUR 1
Équipées de superbes bottes en caoutchouc et de magnifiques k-way afin d’affronter la pluie et les 10 cm de boue recouvrant le sol, on arrive juste à temps pour apprécier les derniers morceaux de Muncie Girls et Off The Cross qui, malgré le froid et un public engourdi, ne se laissent pas démonter.
On a à peine le temps de faire un tour de repérage et de constater que l’agencement du site est légèrement différent des années précédentes (notamment la taille des chapiteaux, qui sont plus petits) que les tant attendus Less Than Jake montent sur la Monster Energy Stage. Ce groupe de ska punk originaire de Floride fait rapidement grimper la température grâce à une attitude très positive et une bonne interaction avec le public, qui se met immédiatement à chanter et danser.
Afin de remplir au mieux notre mission, on jette un coup d’oeil aux autres scènes, dont l’Impericon Stage, où joue Despised Icon, un groupe montréalais de deathcore/metal bien brutal. Inutile de rappeler l’impressionnante diversité de genres musicaux qui fait la force de ce festival qu’on affectionne particulièrement. Le tout, réparti astucieusement sur quatre scènes : la Watch Out Stage, la Back To Basics Stage, l’Impericon Stage et la Monster Energy Stage. Sans oublier la petite tente acoustique, offrant de brefs moments de douceur.
Nous voilà maintenant tiraillés entre la prestation des Anversois de Tangled Horns, subtil mélange de grunge et de stoner, marquée par le jeu de scène très perturbant du chanteur et celle de Siberian Meat Grinder, le groupe russe aux membres masqués et aux innombrables influences allant du trash au metal, en passant par le hardcore, le punk, le stoner ou encore le hip-hop.
On découvre ensuite le début de Frank Turner & The Sleeping Souls. Le chanteur-compositeur de folk/punk anglais est accompagné en live par le groupe The Sleeping Souls, pour un show très chaleureux gardant le public en extase. Frank Turner est probablement l’une des plus belles voix de cette édition.
On s’éclipse avant la fin pour assister au concert de Walls of Jericho, qui nous offre une prestation d’une puissance et d’une générosité impressionnante. Sa très charismatique chanteuse n’hésite pas à partager sa passion pour le hardcore avec ses fans, donnant ainsi naissance à un moshpit assez violent.
Arrive enfin le groupe belge de skate-hardrock débordant d’énergie que nous ne voulions surtout pas manquer : We’Rewolves. Dès les premiers riffs, la foule est en délire, sautant et dansant dans tous les sens. Soulignons une très bonne présence scénique des musiciens, et particulièrement du chanteur. Une chose est sûre, on entendra encore parler d’eux ! Pris dans la folie engendrée par ces derniers, on a malheureusement manqué Terror. D’après nos sources, ce groupe de hardcore californien a offert au public une performance au-dessus de ses attentes, une des meilleures jusque-là !
Retour à la scène Impericon pour le début du concert Saosin, formation américaine post-hardcore au chant mélodique. Concert que l’on quitte, à contre-coeur, après quelques morceaux pour assister au set du légendaire Hatebreed. Ce groupe metal/hardcore, originaire du Connecticut, qui frôlait pour la 5e fois les planches du Groezrock. Et comme une fois n’est pas coutume, ce fut un régal, tant auditif que visuel, avec un son énorme et une voix excellente !
Au tour de Youth of Today de nous projeter une quinzaine d’années en arrière, avec un line-up d’exception : Ray Cappo, Porcell, Samy et Walter Schreifels, tous (ex)membres de nombreux groupes ayant influencés la majorité des trentenaires/quadragénaires qui remplissent la Back To Basics Stage. Dès les premiers accords, le public – redevenu adolescent – se met à danser, stage diver, chanter et une folie générale s’empare de l’endroit ! Ce sera, pour nous, le meilleur concert de cette 25e édition et c’est en fredonnant la fameuse chanson Can’t close my eyes que nous changeons de scène pour tendre l’oreille du côté des Suédois de No Fun At All, qui semblent avoir des problèmes pour motiver la foule impatiente d’accueillir Rancid. Lorsque ces derniers commencent à jouer, c’est un véritable raz-de-marée de fans déchaînés qui nous submerge instantanément ! Les festivaliers auront droit à l’intégralité de leur album le plus vendu …And Out Come The Wolves, sorti il y a 20 ans, ainsi qu’à d’autres classiques. C’est euphoriques et chantonnants qu’ils regagneront leurs tentes glacées.
On se dirigera quant à nous vers le parking pour rentrer au chaud et au sec, car non, on n’a plus 20 ans… Même si on y a cru l’espace de quelques concerts ! Et, comme beaucoup d’autres voitures cette nuit-là, on restera embourbées dans 10cm de boue avant de pouvoir enfin regagner Bruxelles. Merci aux hommes qui sont venus à notre secours !
JOUR 2
Samedi 30 avril 2016, nous voilà reparties pour la deuxième et dernière journée. À peine sorties de la voiture, on est happées par un son très positif aux influences pop/emo/punk qui n’est autre que celui des américains de Teen Agers, une agréable façon de commencer la journée !
On obtient ensuite des échos des deux groupes qu’on a manqués. Tout d’abord Not On Tour, groupe aux influences punk rock originaire de Tel-Aviv. Mené par une chanteuse très dynamique (rappelant un peu la talentueuse Bif Naked) à l’énergie contagieuse et au jeu de scène aussi rapide que ses riffs. Et puis, Rozwell Kid, qui semble avoir assuré une très belle performance. Avec leur style indie-pop-rock et leurs paroles décalées, ces américains ont apparemment ravi les curieux. Deux valeurs sûres à surveiller de près !
Un autre groupe ayant retenu notre attention grâce à son style non-conventionnel et très difficile à décrire : The Bennies. Cet étrange mélange australien de reggae-ska-punk-metal-psyché mérite qu’on y prête une oreille attentive…
Les très attendus Frank Carter & The Rattlesnakes, venus tout droit d’Angleterre, nous présentent un show punk-hardcore très généreux. Le chanteur invite et aide spontanément ses fans à monter sur scène, finissant son concert accroché à un des piliers central soutenant la tente… à ne pas manquer en live si vous en avez l’occasion.
On jette un bref coup d’oeil à une Watch Out Stage blindée, où jouent les quatre californiennes explosives de Bad Cop/Bad Cop au style punk rock girly. On se rend ensuite à la Back To Basics Stage pour Knockout Kid, le groupe pop-punk-emo assure un bon show avec des passages tantôt calmes, tantôt criés nous faisant clairement ressentir leurs influences hardcore. Très bonne découverte !
La meilleure performance scénique revient sans hésitation aux jeunes australiens du groupe de hardcore/punk rock Clowns. Le chanteur complètement déjanté, surexcité, se jette partout et invite les gens à sauter de la scène, avant de lui-même s’élancer de la pile d’amplis bancale d’une hauteur de 3 mètres, se retrouvant à plusieurs reprises au milieu de la foule en délire. Le tout rythmé par des riffs très accrocheurs.
Place à Juliette and the Licks, emmené par l’excentrique Juliette Lewis, à la voix et au jeu de scène inimitables. Ayant délaissé le rock pour un style plus pop pendant quelques années, Juliette revient en force, toujours entourée de musiciens de grande renommée dont, entre autres, le batteur de Rage Against The Machine, Brad Wilk. Elle nous offre un show à la hauteur de nos espérances en interprétant de nouvelles chansons, des classiques et une délicieuse reprise de Proud Mary de Tina Turner. Le public, qui semblait plutôt sceptique au début, repart conquit !
Retour à notre scène préférée, la Watch Out, où vient de commencer le groupe de skate/punk rock de Chicago : Much The Same. Assez réservé au départ, le quatuor se décoince au fil des chansons, prouvant qu’il mérite bien sa place ici.
On enchaîne directement avec Emmure, qui nous présente son nouveau line up. Une très bonne interaction dans le groupe et avec le public : violent dancing et moshpit sont de la partie sous cette tente pleine à craquer.
Me First And The Gimme Gimmes ne nous vend pas de simples reprises mais plutôt d’intelligents arrangements punk, allant de la version ukulele de Crazy For You de Madonna à I believe I can fly de R.Kelly, en passant par un tas d’autres chansons issues de tous les styles et de toutes les décénnies. Le public chante et danse, pas seulement sous le chapiteau mais partout où le son est audible !
Ce sont quelques 3000 personnes qui sont venues pour Iron Chic, prêtes à lever le poing et à danser devant les New Yorkais aux influences mélodiques, emo et légèrement punk, qui nous font passer un moment très sympa.
Après toutes ces énergies positives, on part en quête d’un peu plus de hargne et se retrouve devant Caliban. Un show qui ravit les amateurs de metalcore à en juger par leur agitation et le tonnerre d’applaudissements qui éclate au son de la toute dernière note.
On est à nouveau tiraillés entre deux groupes qui jouent en même temps. On décide donc de commencer par No Use For A Name (NUFAN), groupe phare de skate/punk rock dans les années ’90. Après le décès de leur chanteur (Tony Sly), en 2012, les musiciens décident d’arrêter de jouer. Ne pouvant ignorer plus longtemps leur passion pour le punk, ils font leur come-back cette année, au Groezrock, pour rendre hommage à leur frontman, avec la participation émouvante de membres de nombreux groupes présents sur le site. Preuve que le punk rock ne mourra jamais !
On se dépêche ensuite pour assister à la fin du set de Sick Of It All, qui célèbre ses 30 ans. C’est sans regrets que l’on reste à l’extérieur afin d’avoir une vue d’ensemble sur le chaos qui s’est emparé du chapiteau, provoquant un tremblement de terre local. L’euphorie règne tellement qu’au dernier morceau la scène est envahie de fans surexcités !
C’est un peu sceptiques et complètement gelés que l’on se rend au concert de la tête d’affiche du week-end : Sum 41. On oublie assez rapidement nos appréhensions face à un groupe qui a gagné en maturité (on est loin des jeunes adolescents capricieux et inconscients que nous avions en mémoire). Malgré le manque de puissance vocale du chanteur dont la voix est largement couverte par les chants du public, on passe tous un très bon moment.
On ne pouvait pas conclure cette review sans féliciter Just Like Your Mom pour son excellente nourriture dont on s’est régalés durant tout le week-end. D’un point de vue musical, la Watch Out Stage restera notre coup de coeur de cette édition 2016 pour les incroyables découvertes qu’elle nous aura proposées. C’est avec certitude, et sans même connaître l’affiche, que l’on peut affirmer qu’on se reverra en 2017 !
Pierine Vande Zande