La troisième édition du festival où les musiques se croisent, le Ha’Fest (organisé par le Handelsbeurs), se composait de quatre soirées rassemblant diverses formations dont entre autres Jóhann Jóhannsson, Taxiwars (le projet plus jazzy de Tom Barman), Chantal Acda et Anna von Hausswolff. Ces dernières, aux univers à la fois si proches et si lointains, se partageaient l’affiche ce vendredi 13 mai, dans l’enceinte de la superbe église Sint-Jacob à Gand.
Le soleil perce encore les vitraux colorés de l’église lorsque Chantal Acda pénètre dans la salle, accompagnée de ses musiciens et d’un chœur d’hommes (Arc Sonore) dirigé par Jan Vuye. Tous longent l’église par l’arrière, dans un murmure tranquille. Après une introduction paisible, Chantal Acda, chanteuse-interprète fraiche comme la brise sur un champ de blé doré, entonne le très nostalgique We Will We Must, sous les chants doux des choristes. Elle enchaîne ensuite avec le single Arms Up Hight, issu de son album Let Your Hands Be My Guide. Le troisième titre, My Night, transporte l’audience vers une crique secrète où une sirène à la vox envoûtante hypnotise son public. Chantal quitte la scène pour jouer une version acoustique de Son, pour reprendre ensuite par le titre phare de son dernier album : The Sparkle In Our Flaws. Un exercice musical plutôt difficile, composé des note éparses au piano, notes suivies par le choeur dans une tonalité très minimaliste. Sur un tuba et un xylophone un peu trop présents, Chantal entame Everything And Everyone, pour terminer par un très harmonieux Wintercoat. Une prestation bouclée avec brio par Chantal Acda ce soir, en compagnie de musiciens et chanteurs hors du commun.
Après un bref changement de plateau dans la nef, Anna von Hausswolff est prête à se produire devant son public. L’endroit est judicieusement choisi pour la musique très théâtrale de la Suédoise et de son combo de musiciens. Assise derrière son synthé aux sonorités d’orgue, Anna s’entoure de mystère sous sa grande capuche noire satinée. Elle entame son set par le mystique Discovery, sous une lumière bleue glaciale et entourée d’un halo de fumée. S’ensuit The Hope Only Of Empty Men, titre sur lequel sa voix fait vaguement penser à un croisement entre Kate Bush et Elizabeth Fraser (Cocteau Twins). Certains aficionados ne s’avèrent cependant pas convaincus et quelques poignées de spectateurs quittent la salle pendant les quatre premières chansons. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent… Les ambiances lumineuses changent à chaque morceau, on passe du bleu glacial au vert émeraude puis au rouge pour Pomperipossa, pour repasser au bleu mêlé de vert pour le single Deathbed. Dégagée de sa lourde capuche, la frêle Anna orchestre la bande sans aucune anicroche, les musiciens assez statiques semblent quant à eux hyper concentrés. Une ambiance lourde et enlisante s’empare de l’église lors des quatre derniers titres, tous issus du dernier album (The Miraculous), dont le perçant En Ensam Vandrare. Le groupe nous offre ensuite le doux Come Wander With Me/Delivrance en guise de final.
Les deux musiciennes, accompagnées de leurs troubadours, ont fait l’effet d’une bombe ce soir dans l’ambiance gothique de Sint-Jacob.
Nancy Junion